Qui est vraiment… Jonathan Yeo, le portraitiste de Charles III

Jonathan Yeo devant le portrait de Charles III, le 14 mai, au palais de Buckingham.

Le peintre d’un souverain « normal »

La toile de 2,6 mètres sur 2 présente Charles III vêtu d’un uniforme des Welsh Guards (régiment au sein duquel il détenait le titre de colonel jusqu’en 2022), d’un rouge aussi vif que le fond du tableau. Jonathan Yeo, 53 ans, a voulu rompre avec les portraits traditionnels des monarques, peu importe si le choix des couleurs, à en croire les réseaux sociaux, ne fait pas l’unanimité. « Je voulais représenter le roi comme une personne normale. Une personne normale qui vit dans un conte de fées », précise le peintre londonien. Une œuvre commencée l’année précédant l’accès au trône du roi (septembre 2022). Portraiturer un monarque semble le surprendre lui-même : « Plus jeune, je me considérais comme un artiste rebelle d’avant-garde, jamais je n’aurais alors accepté de peindre des membres de la monarchie. »

Le fils d’un politicien conservateur

Jonathan Yeo est le fils de l’homme politique conservateur Timothy Yeo, qui deviendra secrétaire d’Etat chargé de l’environnement entre 1993 et 1994. Défenseur des « valeurs familiales », Tim Yeo sera contraint de démissionner, en raison d’une liaison extraconjugale dévoilée par les tabloïds. Enfant, Jonathan Yeo voit défiler les politiques dans le salon familial. « A force de les côtoyer, j’ai fini par les percevoir comme des gens normaux, avec leurs défauts. Les peindre devenait alors plus facile. » A 20 ans, sa première commande est un portrait de Trevor Huddleston, archevêque anglican, militant antiapartheid et ami de son père. Deux ans après, il apprend qu’il est atteint du lymphome de Hodgkin, une forme de cancer. Alors qu’il ne parvient pas à vivre de son art, sa maladie le pousse à persévérer : « Je ne pouvais pas mourir aussi jeune sans être devenu peintre. »

L’ami des stars

Une quinzaine d’années plus tard, Jonathan Yeo devient très prisé par l’establishment britannique. Il acquiert cette notoriété à 37 ans en réalisant, en 2007, le portrait de Tony Blair, alors premier ministre, puis ceux de nombreuses personnalités, de l’ancien premier ministre britannique David Cameron (2009) à l’actrice Nicole Kidman (2011), en passant par la mannequin Cara Delevingne (2015). Diplômé du département cinéma de l’université du Kent, il explique avoir surtout appris à dessiner au lycée, en crayonnant les visages de ses professeurs. « J’ai choisi le portrait parce que j’avais besoin de payer mes factures. Comme les artistes contemporains faisaient de l’art abstrait, je devais me démarquer. »

L’auteur d’un collage viral de George W. Bush

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