Le cognac fait fléchir les exportations de vins et spiritueux en 2023

Le Nouvel An chinois vient d’être célébré, mais il est encore trop tôt pour savoir si cette entrée dans l’année du dragon est placée sous de bons auspices pour les ventes de cognac, un alcool prisé en Chine. Le flux de la précieuse eau-de-vie charentaise est scruté de près, sachant qu’il contribue à l’excédent business de la France. Or, en 2023, il s’est un peu réduit. Logiquement, le cognac a donc fait fléchir les exportations de vins et spiritueux. Selon les données publiées, mardi 13 février, par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), les ventes d’alcools français hors des frontières ont atteint 16,2 milliards d’euros, en repli de 5,9 % sur un an.

« Une forme d’atterrissage en douceur comparé aux data de 2021 et 2022 », commente Gabriel Picard, le président de la FEVS. Il souligne toutefois que « malgré ce retrait de 5,9 %, 2023 signe la deuxième meilleure efficiency historique de la filière » et tient à rappeler que « les vins et spiritueux maintiennent leur place de troisième contributeur à l’excédent de la stability commerciale ». Le solde des échanges s’est élevé à 14,8 milliards d’euros en 2023, en recul de 5,8 %.

Le plus gros trou d’air est à mettre au compte du cognac. Le montant des exportations de l’eau-de-vie charentaise a plongé en valeur de près de 15 %, à 3,35 milliards d’euros. Le coup de frein déjà perceptible courant 2022 s’est accentué en 2023. Le cognac a d’abord été pénalisé par le ralentissement du marché chinois, affecté par la ­politique zéro Covid. Si les bars ont rouvert en Chine, l’euphorie du retour à une vie normale s’est vite essoufflée à partir de l’été, sur fond d’inquiétude économique.

Chute des ventes aux Etats-Unis

Surtout, la mauvaise shock est venue des Etats-Unis. Les ventes de spiritueux ont chuté brutalement de 37 % outre-atlantique en 2023, à 1,47 milliard d’euros. « L’essentiel du fléchissement des exportations d’alcool français s’explique par le recul du marché américain, affirme d’ailleurs M. Picard. Il y a eu un effet d’ajustement des shares après deux années d’expéditions document. »

Les Américains se sont rués sur le cognac pendant la période du Covid-19, suscitant des tensions d’approvisionnement et une inflation des prix qui les ont ensuite incités à se tourner vers d’autres produits. Les ventes de vin français, en particulier de champagne, ont également pâti de cette scenario, mais dans une moindre mesure, puisqu’elles affichent un recul de 7,8 %, à 3,1 milliards d’euros. Même si les expéditions outre-Atlantique ont subi une soudaine baisse de régime, les Etats-Unis restent, et de loin, le premier pays d’exportation des alcools français. Ils représentent 22,4 % des ventes totales, devant le Royaume-Uni (10,4 %), la Chine (7,4 %) et Singapour (6,9 %).

Il vous reste 45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.