L’autoroute A69, level de ralliement des opposants aux projets « climaticides »

Sur le campement des opposants à l’autoroute A69, à Puylaurens (Tarn), le 7 juin 2024.

Six ans après l’abandon de l’idée d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), l’infrastructure autoroutière A69, une voie rapide de 53 kilomètres qui doit relier Castres à Toulouse, est-elle en train de devenir un nouveau point de fixation des luttes contre les projets jugés « climaticides » ? Du vendredi 7 au dimanche 9 juin, plusieurs collectifs espèrent voir des « dizaines de milliers » d’opposants converger vers le futur tracé, là où le chantier a déjà commencé. Même si l’objectif officieux se situe plutôt autour de 15 000 protestataires, il pourrait s’agir du plus gros rassemblement sur ces lieux depuis l’annonce du choix du concessionnaire, le 25 septembre 2021, à Lagarrigue (Tarn) par le premier ministre d’alors, Jean Castex.

« A l’époque, il y avait des contestations et c’est normal dans une démocratie. A cette époque-là, elles n’avaient pas atteint l’ampleur, le degré de violence qu’elles ont pris depuis lors », a constaté, mardi 4 juin, l’ancien chef du gouvernement devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le « montage juridique et financier du projet d’autoroute A69 ».

Le même jour, dans l’Hémicycle, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a fait un peu plus monter la pression autour de cette mobilisation. Anticipant une manifestation « extrêmement violente » avec la présence de « 600 black blocs », décrivant « des couteaux, des marteaux, des haches » déjà saisis dans les véhicules, il a annoncé l’interdiction de ces rassemblements… Dans la foulée, la préfecture du Tarn a précisé que près de « 1 000 policiers et gendarmes seront mobilisés sur le terrain ce week-end » et que les manifestants s’exposeraient à une amende de 135 euros.

Un projet « écocidaire et antisocial »

Cette offensive de l’Etat n’a pas démobilisé les organisateurs. Lors d’une conférence de presse, mercredi, des représentants des Soulèvements de la Terre, de La voie est libre, d’Extinction Rebellion Toulouse, de la ZAD A69, qui ont préféré restés anonymes, ont maintenu leur appel à la mobilisation, tout en renvoyant la balle dans le camp de l’exécutif. « Ils ont saisi du matériel de bricolage dans des voitures…, a ironisé un des occupants des trois zones à défendre (ZAD). Tout ça est fait pour légitimer la répression. Malgré ce que nous raconte le ministre de l’intérieur, les gens qui ont des armes létales, ce n’est pas nous. » « Notre objectif reste de faire la fête, d’accueillir les gens de façon pacifique. S’il y a des débordements, ce sera le fait des forces de l’ordre », a conclu Daniel Coutarel, de la Confédération paysanne, qui soutient le rassemblement.

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