En Allemagne, Olaf Scholz refuse des élections anticipées

Une affiche électorale endommagée montre le chancelier allemand Olaf Scholz à Francfort, en Allemagne, lundi 10 juin 2024.

Le suspense a vite tourné court. Interrogé sur l’hypothèse d’élections législatives anticipées après les résultats calamiteux obtenus par les partis de la coalition d’Olaf Scholz aux élections européennes du dimanche 9 juin, le porte-parole du gouvernement allemand a assuré qu’il n’en était pas question : « La date des prochaines élections est fixée à l’automne 2025 et nous prévoyons de nous y tenir », a déclaré Steffen Hebestreit, lundi 10 juin, affirmant qu’« à aucun moment, pas même une seconde, il n’a été envisagé d’organiser de nouvelles élections en Allemagne ».

Contrairement aux Français, les Allemands ne retourneront donc pas aux urnes dans les prochaines semaines. C’est pourtant ce qu’ont réclamé plusieurs responsables de l’opposition conservatrice – ainsi que quelques éditorialistes – dès l’annonce des premières estimations donnant la CDU-CSU largement en tête (30 %, + 1,1 point par rapport à 2019), devant le parti d’extrême droite AfD (15,9 %, + 4,9) et les trois composantes de la coalition « feu tricolore » au pouvoir à Berlin : le Parti social-démocrate (SPD) de M. Scholz (13,9 %, – 1,9), les Verts (11,9 %, – 8,6) et les libéraux-démocrates du FDP (5,2 %, – 0,2).

« Il doit se passer la même chose qu’en France, où Macron a répondu à ceux qui réclamaient de nouvelles élections », a ainsi déclaré le chef de la CSU bavaroise, Markus Söder, lundi.  « L’Allemagne a aussi besoin d’un nouveau départ. La coalition n’a plus la confiance de la population. Il faut donc de nouvelles élections le plus vite possible », a-t-il ajouté, demandant au chancelier d’« avoir le même courage que Gerhard Schröder » : en 2005, après la débâcle du SPD aux régionales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le chancelier avait sollicité la confiance du Bundestag qui la lui refusa, ce qui avait conduit le président de la République, Horst Köhler, à dissoudre celui-ci, provoquant des législatives anticipées.

M. Scholz a décidé de ne pas prendre un tel risque. Lundi, les dirigeants des trois partis de sa coalition se sont réunis, chacun de son côté, pour tirer les leçons du scrutin. Au SPD, qui a perdu la moitié de ses électeurs entre les législatives de 2021 et les européennes de dimanche, le secrétaire général, Kevin Kühnert, en est convaincu : « Les gens veulent nous voir plus combatifs. » Concrètement, cela signifie qu’« un budget d’austérité au détriment de la cohésion sociale ne sera pas possible avec la social-démocratie au pouvoir », a-t-il ajouté.

Les Verts, sonnés

Le message est directement adressé au FDP et à son président, Christian Lindner, le ministre fédéral des finances. Or celui-ci a rappelé, lundi, que « les partis de la coalition se sont engagés à ne pas augmenter les impôts et à respecter le frein à la dette », ce dispositif constitutionnel qui restreint le déficit public à 0,35 % du produit intérieur brut. Alors que le FDP risque, en 2025, de ne pas atteindre les 5 % nécessaires pour être représenté au Bundestag, M. Lindner se veut plus que jamais le gardien intransigeant de l’orthodoxie budgétaire. En attendant le conseil des ministres du 3 juillet, lors duquel doit être adopté le projet de loi de finances 2025, qui prévoit près de 40 milliards de dépenses en moins par rapport à 2024, la bataille des arbitrages s’annonce rude. Parmi les points de frictions figure notamment le Bürgergeld, l’allocation citoyenne pour les chômeurs de longue durée, créée en 2022 par le gouvernement Scholz, mais que le FDP veut déjà réformer, estimant qu’elle n’incite pas assez les demandeurs d’emploi à chercher un travail.

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