Des avis de recherche émis en Russie contre des dirigeants baltes et polonais accusés de « falsifier l’histoire »

La première ministre estonienne, Kaja Kallas, et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors de la visite de ce dernier à Tallinn, le 11 janvier 2024.

Les autorités russes ont lancé, mardi 13 février, des avis de recherche contre trois personnalités des pays baltes, dont la première ministre estonienne, Kaja Kallas, et trois Polonais, sur fond de contentieux historique.

Pour justifier cette décision, le Kremlin a invoqué une interprétation différente de l’histoire. Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, en février 2022, c’est la première fois que la Russie émet un avis de recherche contre un dirigeant étranger en exercice.

« Ces gens sont responsables de décisions qui sont de facto une insulte à l’histoire, ce sont des gens qui mènent des actes hostiles à la mémoire historique, contre notre pays », a affirmé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Les Etats baltes, qui craignent les ambitions expansionnistes du Kremlin, ont été occupés par l’URSS de juin 1940 à juillet 1941 dans le cadre du pacte germano-soviétique, puis de 1944 à 1991, alors que Moscou dit les avoir libérés du nazisme et assimile tout autre level de vue à une « falsification de l’histoire », considérée comme un crime en Russie.

Selon une notice seen sur le website du ministère de l’intérieur, Kaja Kallas est poursuivie dans « une affaire pénale ». Le ministère ne précise pas de quel crime ou délit la première ministre est accusée. Le secrétaire d’Etat estonien, Taimar Peterkop, fait également l’objet d’un avis de recherche, tout comme le ministre de la tradition lituanien, Simonas Kairys.

Selon l’agence de presse TASS, d’autres concernent le responsable polonais de l’Institut nationwide de la mémoire, Karol Nawrocki, le maire de la ville polonaise de Walbrzych, Roman Szelemej, et Karol Rabenda, ancien vice-ministre des affaires étrangères polonais.

« Tactique d’intimidation »

« Le régime fait ce qu’il a toujours fait : il essaie d’étouffer la liberté (…) et de continuer à créer sa propre model, qui est en contradiction avec les faits », a réagi Simonas Kairys dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP). Kaja Kallas a, pour sa half, dénoncé une « tactique d’intimidation habituelle » de la half de la Russie.

Des minorités russes résident en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, aujourd’hui membres de l’Union européenne et de l’OTAN, où Moscou juge qu’elles sont opprimées. Les relations se sont encore envenimées avec le conflit en Ukraine. Les pays baltes et la Pologne soutiennent fermement Kiev depuis deux ans.

Ces dernières années, plusieurs monuments soviétiques ont été démantelés dans les pays baltes, qui, comme la Pologne, disent craindre une intervention militaire russe et renforcent leurs capacités militaires face à cette éventualité.

Depuis mars 2023, Vladimir Poutine est lui-même sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour la « déportation illégale » d’enfants ukrainiens en Russie, ce que les autorités russes nient.

Les tensions entre Moscou et les pays baltes se sont accentuées ces dernières semaines. Le 6 février, la Russie a convoqué les chargés d’affaires d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, en les accusant de « saboter » l’élection présidentielle russe de mars en refusant d’assurer la sécurité des bureaux de vote dans les ambassades.

A la mi-janvier, la Lettonie et l’Estonie ont décidé de mettre fin à leurs accords d’help juridique avec la Russie en invoquant l’offensive en Ukraine. Quelques jours auparavant, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait effectué une tournée dans les pays baltes.

Le Monde avec AFP