Autoroute A69 : la gendarmerie dans les arbres pour décrocher les derniers « écureuils »

Un opposant au projet A69 au sein de la ZAD de Verfeil (Haute-Garonne), le 17 septembre 2024.

Sur le tracé de la future autoroute A69, les forces de l’ordre poursuivaient mardi 17 septembre l’évacuation d’une propriété devenue le dernier bastion des opposants, les « écureuils », perchés sur les arbres du site. Une unité spécialisée, la Cellule nationale d’appui à la mobilité (Cnamo), a décroché certains d’entre eux.

Du bois qui recouvrait encore lundi matin l’essentiel du Verger, un lieu-dit situé à Verfeil (Haute-Garonne), à 25 kilomètres de Toulouse, il ne reste désormais plus que quelques arbres épars, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

La dernière locataire du site, contre lequel vient buter le chantier de l’A69 matérialisé par une large bande de terre aplanie, a rendu les clés au concessionnaire de la future autoroute, Atosca, devenu propriétaire.

Ses salariés s’emploient depuis lundi après-midi, à coups de tronçonneuses et de pelleteuses, à mettre au sol ce qui reste de végétation sur le site, sous la protection des gendarmes.

« Le but, c’est d’abattre tous les arbres qui sont sur le tracé de l’autoroute », a résumé le colonel Stéphane Dallongeville, chef des opérations pour le groupement de Haute-Garonne.

Le portail de la zone à défendre (ZAD) du Verger qui avait été barricadé par ses occupants, a été arraché en début d’après-midi par la pelleteuse.

« Si ce n’est pas fini aujourd’hui, on continuera demain »

Une fois l’accès ainsi ouvert, plusieurs dizaines de gendarmes en tenue antiémeutes ont pénétré sur le site, suivis par une grue avec nacelle.

L’équipe de la Cnamo, une unité des forces de l’ordre dont la mission selon sa présentation sur le site du ministère de l’Intérieur, est notamment de « faire cesser les accrochages complexes de manifestants », a très vite commencé à procéder à l’évacuation de zadistes installés dans des cabanes accrochées aux branches, les « écureuils », comme ils se désignent.

« Nous sommes en train, dans un premier temps, de les inviter à descendre d’eux-mêmes mais après, s’ils refusent, c’est la Cnamo qui va les chercher », a déclaré le colonel Dallongeville.

Un opposant est descendu de lui-même, tandis qu’une autre a été décrochée par les forces de l’ordre et placée en garde à vue, selon l’officier. Cette scène a été filmée et postée sur le compte X de France Bleu Occitanie.

« Nous sommes encore sur six lots qui sont traités au fur et à mesure avec sans doute entre six et douze personnes actuellement dans les arbres », a-t-il détaillé. Avant d’ajouter : « si ce n’est pas fini aujourd’hui, on continuera demain. »

Aucun affrontement à signaler

« On ne baisse pas les bras malgré les intimidations, on a toujours une petite vingtaine d’écureuils à la fois sur les arbres et le toit », la maison du site étant elle aussi occupée, affirme de son côté à l’AFP Gabriel (nom d’emprunt), un des occupants sur place.

Les opérations se déroulaient sans affrontements même si les opposants dénonçaient les manœuvres du conducteur de la pelleteuse mettant en danger, selon eux, les personnes présentes.

« L’idée, c’est de maintenir l’occupation aussi longtemps que possible, on va résister, tenir, montrer qu’on ne baisse pas les bras et qu’on fait front face à la pelleteuse et ce déchaînement », a expliqué Gabriel.

La future A69, une portion d’autoroute de 53 kilomètres entre Toulouse et Castres, est un projet lancé il y a plusieurs dizaines d’années, soutenu par la présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga, et nombre d’élus du Tarn, dont l’objectif est de désenclaver le sud de ce département.

Depuis plusieurs mois, le chantier fait l’objet d’une vive contestation avec d’importants rassemblements au cours desquels les opposants se heurtent aux forces de l’ordre.

Des collectifs et mouvements écologistes dénoncent en effet un projet qu’ils jugent d’un autre temps, synonyme de destruction de terres agricoles et de toute une biodiversité (arbres, écosystèmes et nappes phréatiques) qu’ils jugent essentiel de défendre, à l’heure du changement climatique.

Le Monde avec AFP