A69 : des milliers de manifestants rassemblés contre le projet de l’autoroute reliant Toulouse à Castres

Le cortège bleu de manifestants contre le projet d’autoroute A69.

Des milliers d’opposants écologistes ont bravé samedi 8 juin, dans le calme, une interdiction préfectorale de manifester, en participant dans le Tarn à un rassemblement contre l’autoroute A69 Castres-Toulouse.

Ils étaient 4 000 à 5 000 opposants écologistes, selon les organisateurs, 2 500 à 3 000 selon la préfecture.

Le camp de base, où « 2 500 à 3 000 » personnes s’étaient rassemblées à 12 h 30 selon la préfecture du Tarn, été établi à Puylaurens, sur un champ amené à disparaître sous la future autoroute, et que sa propriétaire a mis à disposition des manifestants. La matinée du samedi s’est déroulée au rythme des prises de parole des représentants de toutes les associations hostiles au projet (Les Soulèvements de la terre, La voie est Libre, Extinction Rébellion Toulouse, etc.) venus expliquer les raisons de leur opposition

Sur un terrain privé où plusieurs chapiteaux ont été érigés, près du chantier de l’autoroute A69, à hauteur de Puylaurens (Tarn), le 7 juin 2024.

La députée Europe Ecologie-Les Verts de la Haute-Garronne Christine Arrighi, qui préside à l’Assemblée nationale la commission d’enquête en cours sur les modalités juridiques et financières du projet, était présente dans la matinée : « Ce rassemblement est parfaitement complémentaire de notre action à l’Assemblée »,a-t-elle estimé. En dépit de l’interdiction de la manifestation prévue l’après-midi – à laquelle elle a donc préféré ne pas prendre part -, « la mobilisation reste intacte, a-t-elle dit. Plus on veut interdire, plus ça renforce la volonté de ceux qui veulent venir pacifiquement dire non à ce projet inutile. Le combat n’est pas perdu, de nombreux recours sur le fond doivent encore être étudiés par le tribunal administratif. »

Au sujet des débordements possibles, qui ont justifié l’interdiction de la manifestation aux yeux du ministre de l’intérieur, l’élue souhaite faire passer un message « contre toutes les violences » : « Dans ce dossier, l’Etat de droit est bafoué, déplore-t-elle, et c’est cette violence-là qui déclenche les autres, mais on ne parle que des dernières. »

Peu après 14 heures, le rassemblement, qui se déroule jusqu’à présent dans une ambiance festive et chaleureuse et où flottent quelques drapeaux palestiniens et kanak, s’est scindé en quatre cortèges aux parcours et aux intentions différents.

Des panneaux de signalisation que les manifestants du cortège bleu voulaient emporter avec eux.

Pour le cortège « bleu », celui regroupant le plus de manifestants tout de noir vêtus, au visage intégralement recouvert, l’objectif annoncé quelques instants plus tôt par les organisateurs est de « rendre à NGE [le constructeur de l’autoroute] toutes les merdes qui lui appartiennent ». En l’occurrence, des dizaines de panneaux de signalisation situés tout au long du chantier subtilisés par des opposants au projet et rassemblés à leur camp de base, qu’il s’agit donc d’aller déposer sur le site de la base de vie de NGE, à trois kilomètres de là. Les trois autres cortèges (jaune, rose et vert) s’apprêtent sans doute à vivre des défilés moins mouvementés.

Huit interpellations

« Il faut montrer au préfet, qui n’arrête pas de dire que la lutte décline, et aux élus qu’on est toujours déterminés », avait fait savoir plus tôt Laurent Prost, du collectif « La voie est libre », précurseur de la mobilisation. Au plus fort de la mobilisation samedi, les organisateurs attendent « entre 10 000 et 15 000 personnes ». Plus de 1 000 gendarmes et policiers ont été dépêchés aux abords de Puylaurens, avec l’objectif de contenir les manifestants sur le terrain du campement.

Huit personnes ont été interpellées, selon le préfet du Tarn, Michel Vilbois, qui s’est exprimé devant la presse vendredi soir. Il a également annoncé la saisie de « 148 objets à destination d’arme », dont, a-t-il dit, des « planches à clous », des « couteaux de toutes tailles », des « frondes » ou des « serpettes ».

Ce sont des « objets destinés non pas à venir de manière sympathique et à refaire le monde autour de l’écologie mais bien à agresser les forces de l’ordre comme cela a été le cas lors des deux dernières manifestations », a-t-il jugé, évoquant par ailleurs la présence de « dix personnes “fichées S” » parmi les quelque 1 500 personnes contrôlées par les forces de l’ordre, en amont de l’évènement.

« Il s’agit d’éviter absolument toute violence », a précisé le préfet qui affirme que dans ce type de mobilisation, « le cortège principal masque plusieurs autres cortèges qui ont pour objectif d’aller casser à droite et à gauche ».

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