A Marseille, des canoës bloquent l’accès au port de navires de croisière pour dénoncer la air pollution qu’ils causent

Des militants de Stop croisières et d’Extinction Rebellion empêchent le navire de croisière « AIDAstella » d’entrer dans le port de Marseille, le 21 septembre 2024.

A bord de canoës, des membres du collectif Stop croisières et d’Extinction Rebellion ont bloqué, samedi 21 septembre, pendant près de deux heures, l’arrivée au port de Marseille de navires de croisière, dénonçant la « pollution » causée par ces géants des mers. Ils ont été délogés par la gendarmerie maritime, qui a confirmé à l’Agence France-Presse ce blocage « par une dizaine de kayakistes » au petit matin puis la réouverture du port vers 9 heures.

Au moins trois navires de croisière et un ferry depuis la Corse ont dû attendre en mer, en raison de cette action, rare dans un des plus grands ports de France. Vers 7 heures du matin, le navire AIDAstella, du croisiériste allemand AIDA, a ainsi dû faire demi-tour, douze canoës s’étant positionnés à l’entrée de la rade nord de Marseille, l’empêchant ainsi d’entrer dans le port. Ce navire d’une capacité d’environ deux mille personnes qui devait faire escale dans la deuxième ville de France lors d’un week-end annoncé très touristique, a attendu environ deux heures à proximité.

Deux autres navires de croisière, dont le MSC World Europa, sixième plus gros paquebot au monde (plus de 2 600 cabines, six mille passagers, treize restaurants, un centre commercial) et le Costa Smeralda, qui devaient en principe accoster à Marseille samedi matin, ont dû patienter au large et ont pu finalement entrer au port aux alentours de 9 h 30. Un ferry venant de Corse a dû, lui aussi, attendre.

Sur leurs canoës gonflables, alignés, la vingtaine d’activistes équipés de gilets de sauvetage avaient déployé des banderoles comme « ça sent le gaz » ou « on est très en colère contre MSC Croisières ». Stop croisières dénonce « la pollution de l’air causé par ces navires, véritables villes sur l’eau », avec un impact « négatif sur la santé des populations et la biodiversité marine », a déclaré un porte-parole à l’Agence France-Presse. Le collectif pointe aussi les conditions de travail à bord.

Huit millions de tonnes de CO2 depuis 2022

En 2022, le port de Marseille a accueilli 1,5 million de croisiéristes et 2,5 millions en 2023, selon l’observatoire du tourisme de la ville de Marseille. L’hostilité grandit en Europe face à l’industrie des croisières, source de revenus pour les villes escales mais jugée nuisible à la santé des riverains et à l’environnement par son gigantisme. Ces dernières années, Venise ou Amsterdam ont interdit leur centre-ville aux géants des mers.

Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, les bateaux de croisière naviguant dans les eaux européennes en 2022 ont émis plus de 8 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 50 000 vols Paris-New York.

Les activités maritimes sont responsables de 39 % des émissions de dioxyde d’azote (NOx, un polluant de l’air) sur la métropole marseillaise, juste derrière le trafic routier (45 %), selon AtmoSud, organisme de mesure de la qualité de l’air. En mars 2023, des associations et des riverains du port de Marseille ont déposé une plainte contre X contre les impacts des pollutions liées au trafic maritime dans les installations portuaires, les seuils de pollution atmosphérique autorisés par la législation européenne étant régulièrement dépassés sur l’agglomération.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu