Xi Jinping flatte et cherche à renforcer les dirigeants eurosceptiques
Il a beaucoup été question « d’amitié » en Serbie et en Hongrie à l’occasion de la visite de Xi Jinping. Amitié « solide comme un roc » à Belgrade, « meilleure [amitié] de toute l’histoire » à Budapest… le président chinois a joué des superlatifs pour gratifier ses hôtes, le président serbe Aleksandar Vucic et le premier ministre hongrois Viktor Orban, qui lui ont déroulé un tapis rouge et ont couvert leurs capitales de drapeaux chinois.
Tandis que l’étape française, du dimanche 5 mai au mardi 7, a souligné, malgré le ton cordial, l’accumulation de contentieux entre la Chine et l’Union européenne, des subventions à l’industrie des véhicules électriques au soutien toujours plus fort apporté par M. Xi à Vladimir Poutine, la suite du voyage devait au contraire montrer que Pékin dispose de relais en Europe.
MM. Vucic et Orban ont en commun leur rhétorique anti-occidentale prononcée, ils opèrent chacun des reculs démocratiques dans leurs pays et entretiennent des relations orageuses avec l’UE, même si la Serbie n’en est pas encore membre. « Notre voix est solitaire en Europe », a ainsi reconnu M. Orban lors d’une déclaration à la presse au côté de Xi Jinping, en plaidant « qu’il existe aujourd’hui un nouvel ordre mondial, qui n’est plus unipolaire, mais multipolaire, et dont l’un des piliers est la République populaire de Chine ».
M. Xi n’a eu en Serbie et Hongrie à entendre aucune critique dans une relation radieuse, bien loin des plaintes exprimées à Paris sur sa politique commerciale. La relation avec la Hongrie a été élevée au rang de « partenariat stratégique global à toute épreuve », la hissant ainsi parmi les mieux considérées par Pékin. De multiples accords de coopérations sectoriels ont été signés – « 26 » à Belgrade, « 18 » à Budapest.
Coopération dans le nucléaire
Leur contenu reste assez flou, mais il a été en Serbie notamment question de développer la coopération entre médias serbes et chinois, alors que Bruxelles appelle depuis des années ce pays des Balkans à améliorer sa liberté de la presse s’il veut accéder à l’UE. En Hongrie ont été évoqués de nouveaux projets ferroviaires, en plus de la ligne de train entre Belgrade et Budapest actuellement en construction par la Chine, et pour la première fois une coopération dans le nucléaire.
Contrairement aux attentes, aucun investissement concret n’a toutefois été annoncé, alors que les entreprises chinoises ont investi massivement ces dernières années dans les deux pays. Avec cette double visite, M. Xi a surtout réussi à montrer à Bruxelles qu’il comptait sur ces deux capitales pour freiner d’éventuelles représailles contre sa politique économique. La Chine « soutient la Hongrie pour qu’elle joue un rôle plus important au sein de l’UE », a-t-il notamment déclaré alors que la Hongrie s’apprête à prendre en juillet la présidence tournante du Conseil européen.
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