« Sur la régulation de la tech et l’IA, l’élection de Trump met la pression sur l’UE »
« Attendez-vous à le voir défendre les entreprises américaines contre la concurrence chinoise et la régulation européenne. » Cet avertissement sur le nouveau mandat de Donald Trump est signé Adam Kovacevich, président de la Chamber of Progress, un lobby américain des géants du numérique fondé en 2020. Si ces derniers ont bien sûr intérêt à susciter le soutien de la Maison Blanche dans leur combat contre Bruxelles, l’élection de Trump est une mise en garde à prendre au sérieux pour l’Union européenne (UE). Sur la régulation du numérique et l’IA, le retour du républicain met la pression sur Bruxelles.
Un premier front se dessine avec la nomination, lundi 18 novembre, de Brendan Carr à la tête du régulateur des télécommunications FCC. « C’est un guerrier de la liberté d’expression », a prévenu M. Trump. « Il faut démanteler le cartel de la censure » dans lequel « Facebook, Google, Apple, Microsoft d’autres jouent un rôle central », a plaidé M. Carr, envisageant de changer la loi. Celui-ci estime que les politiques de modération des contenus mises en place par les réseaux sociaux, ainsi que le recours à des organismes de fact-checking, sont défavorables aux opinions conservatrices. Or, ce raisonnement est exactement celui tenu par M. Trump ou Elon Musk, le propriétaire du réseau social X, actuellement en conflit avec Bruxelles sur l’application du Digital Services Act (DSA). Ce règlement européen impose justement aux réseaux sociaux des obligations de moyens – et de transparence – sur la modération des contenus.
M. Carr avait déjà soutenu M. Musk dans son bras de fer contre le Brésil, accusé d’avoir « attaqué la liberté d’expression » et « agi de façon illégale » en bannissant X pour ne pas avoir supprimé des comptes d’extrême droite accusés de diffuser des fausses nouvelles. « Si vous voulez que nous continuions à soutenir l’OTAN, pourquoi ne respectez-vous pas les valeurs américaines et la liberté d’expression ? », avait menacé à l’égard de l’UE le vice-président J. D. Vance fin septembre. Cela faisait suite à une mise en garde du commissaire européen Thierry Breton enjoignant à M. Musk de respecter le DSA à la veille de son interview de M. Trump sur X. Le message, portant sur un candidat et un réseau social américains, avait été désavoué à Bruxelles.
Une « opportunité »
Le retour de M. Trump à Washington intervient à un moment où Bruxelles négocie âprement la mise en place de plusieurs réglementations du numérique : sur le DSA donc, mais aussi sur le Digital Markets Act à propos de la concurrence sur les plateformes, l’AI Act, sur l’intelligence artificielle (IA), et, toujours, le règlement sur la protection des données. Engagés dans des contentieux multiples avec l’UE, les géants du numérique font pression, à l’image de Meta qui est à l’origine d’une pétition stigmatisant des « décisions de régulation incohérentes » et un « rejet du progrès ». M. Trump a raconté en octobre que Tim Cook, le président-directeur général d’Apple, s’était plaint auprès de lui d’amendes infligées par Bruxelles, en prévenant : « Je ne vais pas laisser les Européens agir au détriment de nos entreprises. »
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