Slovaquie : onde de choc internationale après l’attaque par balles contre le premier ministre, Robert Fico
L’attaque contre le premier ministre slovaque Robert Fico, « entre la vie et la mort » après avoir été blessé par plusieurs balles mercredi 15 mai, a suscité la sidération et de vives condamnations dans le monde. Le dirigeant de 59 ans, revenu au pouvoir en octobre 2023, a été pris pour cible après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie.
Les médias ont fait état de tirs en début d’après-midi, avant que la nouvelle ne soit confirmée sur sa page Facebook officielle. « Robert Fico a été victime d’une tentative d’assassinat. Il a été touché à plusieurs reprises et son diagnostic vital est engagé. (…) Les prochaines heures seront décisives », est-il écrit. Selon le ministre de l’intérieur, Matus Sutaj Estok, l’assaillant a tiré cinq fois sur le dirigeant prorusse. D’après le ministre de la défense, Robert Kalinak, le premier ministre se trouvait dans un « état extrêmement grave » mercredi soir, et était toujours au bloc opératoire. « Notre espoir est entre les mains des médecins », a-t-il ajouté.
Daniel Vrazda, journaliste du média slovaque Dennik N qui couvrait l’événement, dit avoir entendu quatre coups de feu avant de voir Robert Fico à terre. Des images de télévision montrent ses gardes du corps le transporter précitamment dans une voiture, puis la police appréhender et menotter l’assaillant présumé à même le sol.
Le premier ministre s’était approché d’un petit groupe de personnes venues le voir dans la rue après un conseil des ministres, mercredi matin, lorsqu’un homme a ouvert le feu sur lui. Le premier ministre a été évacué par hélicoptère jusqu’à la ville de Banska Bystrica.
Condamnations ukrainiennes et russes
La présidente sortante de la Slovaquie, Zuzana Caputova, a été la première à prendre la parole, qualifiant l’agression « brutale » de son opposant politique d’« attaque contre la démocratie ». Peter Pellegrini, qui doit lui succéder en juin, a également condamné « la tentative d’assassinat » de ce proche. « Je suis horrifié de voir où peut conduire la haine envers une autre opinion politique », a-t-il écrit sur X. La session parlementaire à Bratislava a été suspendue et les mesures de sécurités renforcées dans la capitale.
Les réactions ont afflué dans le monde. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dénoncé l’attaque « épouvantable » contre le premier ministre slovaque, qui a pourtant interrompu l’aide militaire à l’Ukraine après son retour au pouvoir en octobre, tandis que le président russe, Vladimir Poutine, a parlé d’un « crime odieux », en décrivant Robert Fico, ancien communiste et allié, « comme un homme courageux et déterminé ».
Biden évoque un acte « ignoble », l’Europe sous le choc
Le président américain, Joe Biden, a condamné un « ignoble acte de violence », ajoutant que son épouse Jill et lui « étaient en pensée avec sa famille et le peuple de Slovaquie ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également dénoncé une « attaque ignoble ». « De tels actes de violence n’ont pas leur place dans notre société et sapent la démocratie, notre bien commun le plus précieux », selon elle.
« Rien ne peut jamais justifier la violence ni de telles attaques », a renchéri le président du Conseil européen, Charles Michel, tandis que la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, se disait « choquée par l’horrible attaque ».
Le président français, Emmanuel Macron, s’est dit « choqué par les tirs qui ont frappé le premier ministre slovaque » et a exprimé sa « solidarité » avec le peuple slovaque. Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, s’est dit également « choqué d’apprendre cette terrible nouvelle ». Pour le chancelier allemand, Olaf Scholz, « bouleversé par le lâche attentat », « la violence ne peut avoir sa place dans la politique européenne ».
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, « choquée » par le « vil attentat », a exprimé « la plus ferme condamnation de toute forme de violence et d’attaque aux principes de base de la démocratie et de la liberté ».
Consternation en Europe centrale et méridionale
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, « profondément choqué », a condamné « l’attentat odieux perpétré contre [son] ami, le premier ministre Robert Fico ». « La tentative d’assassinat de mon collègue slovaque (…) me choque profondément, a, pour sa part, écrit le chancelier autrichien, Karl Nehammer. « Il y a quelques jours à peine, nous nous étions parlé au téléphone et avions abordé de manière intensive les questions de sécurité. »
Le président roumain, Klaus Iohannis, a fait part de sa « consternation » et condamné « fermement de tels actes extrémistes, qui menacent nos valeurs européennes fondamentales ». « Choqué par l’attaque haineuse », le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a jugé que « de tels actes de violence n’ont pas leur place dans nos sociétés ».
Une attaque « choquante » pour l’ONU
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « condamne fermement l’attaque choquante » contre le premier ministre slovaque, selon l’un de ses porte-parole. Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, dont fait partie la Slovaquie, s’est aussi dit « choqué et consterné ». « Je lui souhaite la force nécessaire pour un prompt rétablissement », a-t-il ajouté.
En Iran, « le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Nasser Kanaani, a condamné la tentative d’assassinat » et souhaité à M. Fico « une bonne santé et un prompt rétablissement ». De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a condamné « fermement l’odieuse tentative d’assassinat » en souhaitant au premier ministre « un prompt rétablissement ». Le vice-président, Cevdet Yilmaz, a jugé lui que « cette tentative d’assassinat constitue une menace directe pour la démocratie ».