Santé au travail : « faire parler » les information pour améliorer la prévention

Dans le secteur aérien, certaines compagnies confient de manière épisodique des bracelets connectés à des membres d’équipage volontaires. Les capteurs qu’ils contiennent permettent de suivre avec précision l’enchaînement de leurs phases d’activité et de repos. Grâce aux données collectées, il sera également possible d’analyser leur sommeil durant les nuits suivant une rotation avec décalage horaire.

Avec ces campagnes d’actimétrie, les entreprises du secteur poursuivent un objectif : estimer le plus finement possible le niveau de fatigue des équipes et les risques qui peuvent lui être associés. « Si ce niveau est jugé trop important, nous pourrons faire évoluer la façon dont nous opérons le vol, explique un commandant de bord qui a souhaité garder l’anonymat. Il sera par exemple décidé d’augmenter le temps de repos en escale, de rajouter un pilote dans l’équipage ou encore de changer d’hôtel afin de diminuer le temps de trajet depuis l’aéroport. »

L’exploitation des « data » (données) au service de la santé et de la sécurité des salariés ? C’est déjà une réalité dans le secteur de l’aviation. L’heure est en revanche seulement aux expérimentations dans la plupart des autres secteurs d’activité. Elles laissent entrevoir des applications prometteuses grâce, en particulier, au développement exponentiel des capacités de l’intelligence artificielle (IA). « Dans des environnements dangereux, un système d’IA entraîné avec des données captées à l’occasion d’accidents peut permettre d’anticiper des situations à risque », indique Yann Ferguson, sociologue à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique.

Autre voie explorée par la recherche : le développement d’équipements de protection individuelle connectés capables d’effectuer des mesures régulières de paramètres physiologiques des salariés (fréquence cardiaque, température corporelle…). Ces solutions permettent de donner l’alerte, en temps réel, en cas de fatigue ou de perte de vigilance du travailleur. De même, grâce à des capteurs, des données biométriques peuvent être analysées lors de certains mouvements ou ports de charge (avec la capacité de prendre en compte le cumul de poids porté) et prévenir l’apparition de troubles musculosquelettiques ou de lésions.

Avec prudence et attention

Autant d’applications qui pourraient s’implanter dans les entreprises dans les années qui viennent. Quelques étapes restent toutefois à franchir pour assurer leur déploiement optimal. « Il y a encore des problèmes de fiabilité », note M. Ferguson. Les systèmes d’aide à la décision vont souvent être paramétrés pour que l’utilisateur ne puisse pas passer à côté d’un risque. Résultat : ils vont parfois générer des “faux positifs”. » Des fausses alertes qui peuvent avoir un coût pour l’entreprise, la prédiction d’un risque d’accident pouvant entraîner l’arrêt de l’activité.

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