Roumanie : des milliers de personnes protestent contre l’annulation de l’élection présidentielle
« Vous avez volé notre vote ! » Des milliers de personnes se sont rassemblées, vendredi 10 janvier, devant le Parlement de Bucarest, en Roumanie, pour dénoncer l’annulation de l’élection présidentielle, à la suite d’une campagne entachée par des suspicions d’interférence russe.
La Cour constitutionnelle, située à l’intérieur de l’immense bâtiment, a annulé le scrutin, le 6 décembre, un fait extrêmement rare dans l’Union européenne, alors que le candidat d’extrême droite Calin Georgescu était arrivé en tête au premier tour à la surprise générale. Les autorités l’accusent d’avoir bénéficié d’une campagne de soutien illicite sur TikTok. La Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête.
De nouvelles élections sont prévues pour mai, la date devant être validée la semaine prochaine.
Critique de l’Union européenne, comme de l’OTAN, et opposé à toute aide militaire à l’Ukraine, Calin Georgescu a déposé plusieurs recours en justice, dont l’un auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Ses avocats ont formellement contesté, vendredi, l’annulation auprès de la Cour constitutionnelle.
« Rendez-nous le second tour »
« Il faut revoir d’urgence cette décision qui a plongé la Roumanie dans le chaos », a lancé l’ancien haut fonctionnaire de 62 ans dans un message vidéo adressé à ses partisans brandissant des affiches à son effigie – il n’était pas présent parmi eux. « Rendez-nous le second tour », ont scandé ces derniers.
« Nous vivons dans une dictature », a affirmé devant les médias un autre candidat nationaliste, George Simion, disant être là « pour défendre la démocratie ». Il a appelé à une nouvelle manifestation dimanche dans la capitale et s’est joint à la contestation auprès de la Cour constitutionnelle. Son parti, l’Alliance pour l’Unité des Roumains (AUR), avait récolté 18 % des voix aux récentes législatives. Au total, les trois formations du bloc souverainiste représentent désormais un tiers des électeurs, soit plus du triple du score enregistré en 2020 par l’AUR, alors seule en lice.
Face à ce camp en pleine ascension, plusieurs forces politiques proeuropéennes ont formé à la fin de décembre un gouvernement et ont présenté un candidat commun à la présidentielle, Crin Antonescu. Agé de 65 ans, cet ancien chef des libéraux a cependant « suspendu » sa candidature, déplorant un manque de soutien des principaux partis.