Pour Apple, le pari risqué de l’informatique spatiale, mélangeant « le monde réel avec un monde numérique »

Un client teste un didacticiel lors du lancement de l’Apple Vision Pro à la boutique Apple The Grove, à Los Angeles, en Californie, le 2 février 2024.

En 2007, Steve Jobs lançait l’iPhone. En 2024, Tim Cook, son successeur depuis une douzaine d’années, lance le Vision Pro. Il l’a présenté comme étant à l’« informatique spatiale » ce que le Mac est à l’« informatique personnelle » et l’iPhone, à l’« informatique cellular ». Le PDG de la firme de Cupertino (Californie) a expliqué que ce casque de réalité mixte est « un nouveau kind d’ordinateur qui augmente la réalité en mélangeant parfaitement le monde réel avec un monde numérique. Vous voyez à travers sans le regarder : vous n’êtes plus limité par un écran, votre environnement devenant une toile infinie ». Plus besoin d’ordinateur ni de souris, ni même de smartphone, pour se divertir, visionner des movies, prendre des pictures, partager des contenus, faire des achats ou travailler.

La marque à la pomme rencontrera-t-elle de nouveau le succès avec ce pari audacieux ? Le prix du casque est un premier frein. Fixé à 3 500 {dollars} (3 250 euros) sans aucune choice, il est trois fois et demie plus élevé que celui d’un smartphone haut de gamme d’Apple. La facture monte à 3 900 {dollars} pour accéder à 1 téraoctet de stockage, au lieu de 256 ou 512 gigaoctets. Sans compter les accessoires qui peuvent porter la facture à près de 5 000 {dollars} : bandeau, insert optique, batterie supplémentaire, étui de voyage… Apple prend le risque d’être prohibitif.

Niche ou masse ?

D’autant que la concurrence des casques de réalité mixte s’annonce féroce, du géant Meta avec son Quest Pro (trois fois et demie moins cher) au challengeur français Lynx (deux fois et demie moins cher), en passant par le taïwanais HTC avec son Vive XR Elite (trois fois moins cher). Sony est en embuscade avec son futur visiocasque de réalité mixte, qui a été présenté en janvier au Consumer Electronics Show de Las Vegas, grand-messe internationale de la high-tech.

De plus, cette nouvelle technologie demandera davantage de temps qu’un smartphone avant que les professionnels et le grand public ne se l’approprient. Au-delà de l’effet de curiosité inhérent à toute innovation, qu’adviendra-t-il des ventes du Vision Pro ? Marché de area of interest ou marché de masse, les jeux sont ouverts.

Selon l’analyste Ming-Chi Kuo à Taïwan (TF International Securities), Apple aurait reçu entre 160 000 et 180 000 précommandes de son Vision Pro, mi-janvier. Passé cet engouement, les ventes pourraient cependant ne pas dépasser 350 000 exemplaires en 2024. Les projections optimistes de Statista tablent sur 1,5 million d’unités en 2025.

Une selected est sûre, la firme a pris son temps avant de sortir son Vision Pro : près de neuf ans – depuis l’acquisition, en mai 2015, de la société allemande Metaio, spin-off de Volkswagen, spécialisée en réalité augmentée. En cas de succès, ce casque pourrait permettre à Apple d’être moins dépendant de ses iPhone. D’après les derniers résultats annuels, clos le 30 septembre 2023, les smartphones pèsent encore pour 52,3 % de son chiffre d’affaires international annuel, soit 200,5 milliards de {dollars} (28,3 milliards de {dollars} pour les iPad et 29,3 milliards de {dollars} pour les Mac) sur un complete de 383,2 milliards de {dollars}.