Placements : les épargnants en ligne ont aussi besoin de conseils

Ce n’est pas parce qu’une fintech est 100 % numérique que ses purchasers n’ont pas besoin de conseillers en chair et en os. « Le modèle hybride est incontournable, les purchasers sont certes autonomes, mais il est indispensable d’être disponible pour répondre à leurs questions », estime Sébastien d’Ornano, le président de Yomoni. Cet acteur met ainsi de plus en plus en avant ses conseillers depuis 2021.

« Leur rôle est progressivement devenu central : avec la baisse du CAC 40 en 2022, nos purchasers avaient de plus en plus besoin d’explications sur les marchés », se souvient Sébastien d’Ornano. Yomoni est une société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Un statut complet uncommon dans l’univers des fintech, l’autorisant à délivrer du conseil.

Le conseil est aussi largement mis en avant par les acteurs de l’assurance-vie et de l’épargne-retraite en ligne, qui sont à la fois courtier en assurance et conseiller en investissement financier (CIF), ce qui leur permet de délivrer du conseil.

A l’inverse, les néobrokers proposant des actions ne vont pas souvent sur ce terrain. Chez Trade Republic, le service shopper accessible par mail ou par l’appli se concentre sur des questions strategies sur le portefeuille, mais n’a pas vocation à conseiller les titres.

Investisseurs premium

Même principe chez Shares, dont le service a été lancé en novembre 2023 en France après un galop d’essai au Royaume-Uni, et qui ne donne pas de conseils directs. Mais « Shares est conçu comme un réseau social : nos investisseurs premium, dont nous avons vérifié l’expérience en matière financière, donnent accès à leur portefeuille, dont les autres purchasers peuvent s’inspirer s’ils le souhaitent », explique Benjamin Chemla, cofondateur.

Ces influenceurs eux-mêmes purchasers de Shares publient des posts dont le contenu est modéré par la start-up. « Il s’agit de s’assurer qu’ils ne donnent pas de conseils, puisqu’ils n’y sont pas autorisés. Mais ils peuvent expliquer pourquoi ils ont décidé d’acheter ou de vendre un titre ou une crypto », ajoute Benjamin Chemla.

Le buying and selling social est aussi en vigueur chez eToro. Le néobrocker suggest même à ses purchasers de répliquer automatiquement le portefeuille d’un investisseur expérimenté. Le shopper peut ainsi copier les achats et les ventes du néerlandais Jorden Boer, newbie de valeurs de croissance notamment dans la tech, qui affiche 56 500 followers sur eToro, dont 10 300 « copieurs ».