« Placée au cœur des espoirs électriques de Ford, l’usine de Cologne sera l’une des premières victimes de son plan de restructuration européen »

Une voiture reçoit sa peinture sur la chaîne de production du Ford Explorer électrique de l’usine de Cologne, dans l’ouest de l’Allemagne, le 4 juin 2024.

Ils avaient fière allure, ce 2 octobre 1930 à Cologne (Allemagne), pour la pose de la première pierre. Konrad Adenauer, le maire de la ville et futur chancelier du pays, accompagnait alors Henry Ford, l’inventeur de l’automobile moderne. Deux figures du XXe siècle réunies pour lancer la construction de la première grande usine de l’Américain sur le Vieux Continent.

Destin fascinant que celui de cette usine emblématique, témoin des ambitions planétaires américaines du début de siècle, puis du renouveau industriel allemand des années 1930, des affres de la seconde guerre mondiale (elle fut maintes fois bombardée par les alliés en 1943), de la reconstruction de l’après-guerre et, enfin, des ambitions contrariées de Ford en cette année 2024. Placée au cœur des espoirs électriques de la firme, elle sera l’une des premières victimes du plan de restructuration annoncé par le constructeur américain mercredi 20 novembre. Il prévoit la suppression de près de 4 000 emplois, soit 14 % de ses effectifs européens, d’ici à 2027, dont 2 900 en Allemagne, essentiellement à Cologne.

Depuis deux ans, l’usine, qui produisait les modèles Fiesta, s’était pourtant modernisée pour accueillir le cœur de l’offre électrique de Ford, le SUV Explorer et la plus petite Capri. Mais au moment même du lancement de l’Explorer, Berlin a retiré, en 2024, ses aides à l’achat de véhicules électriques. Le marché automobile allemand a chuté de plus de 26 % sur les dix premiers mois de cette année. Ford pointe les atermoiements des dirigeants européens. « Ce dont nous manquons en Europe, c’est d’un agenda politique clair, d’investissements en infrastructures et d’aide aux consommateurs pour réussir la transition », a assuré le directeur financier de Ford, John Lawler.

Réveil pénible

Il aurait pu ajouter la menace chinoise. Les MG, BYD et autres Geely ont conquis en deux ans un peu plus de 3 % du marché européen, soit la part de Ford, présent en Allemagne depuis 1925. Il pointe les subventions de Pékin pour expliquer cette invasion. Ce n’est pas la seule raison. Partis de rien, les Chinois ont copié le modèle Tesla à grande échelle. Les centaines de constructeurs qui se sont lancés en Chine ont provoqué une vague d’innovation sans précédent. Au prix de la faillite de la plupart d’entre eux. Les Européens et les Américains ont compris trop tard la menace de Tesla, notamment en matière de technologie de production et, plus tard, celle de ses clones chinois si inventifs.

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