Négociations UE-Mercosur : les critiques du Paraguay et les ambitions de l’Uruguay

Le président paraguayen Santiago Peña lors du sommet du Mercosur dans l’ancien port d’Asuncion, le 8 juillet 2024.

Le Paraguay est las et ne manque pas de le manifester. Dès septembre 2023, le président du pays, Santiago Peña (droite), assurait qu’après vingt-cinq ans de négociations entre le Mercosur et l’Union Européenne (UE) en vue d’un accord de libre-échange, il était prêt à jeter l’éponge. « Je ne continuerai pas à négocier le semestre prochain », lançait-il, alors que son pays s’apprêtait à s’emparer de la présidence tournante du Mercosur. Selon le chef d’Etat élu en avril 2023, il était temps de « prendre une décision » : « Soit on conclut (…), soit on ne conclut pas. » Asuncion, adepte du libre-échange, assurait porter son regard vers d’autres régions du monde : Singapour, les Emirats arabes unis…

Plus d’un an après, le Paraguay n’a pas quitté la table des négociations. Mais M. Peña continue d’exprimer la même amertume. « Nous souhaitons nous intégrer [économiquement], mais nous ne rencontrons pas la même dynamique en Europe », a-t-il ainsi regretté auprès du quotidien espagnol El Pais, le 18 octobre. D’ailleurs, si le Brésil se dit prêt à signer, le président paraguayen n’est, de son côté, franchement « pas optimiste ».

Ce ne sont pas seulement les délais des négociations qui suscitent l’agacement du Paraguay mais aussi les conditions posées par l’UE. M. Peña trouve « inacceptable » que l’UE « ne reconnaisse pas les institutions de certification sanitaires » de son pays, ce qui relève, selon lui, du « préjugé », se plaint-il auprès d’El Pais.

En 2023, déjà, il fustigeait « certaines restrictions, surtout environnementales », « très dures pour une région du monde qui cherche à se développer ». « On pense que l’intégration est le chemin à prendre, mais pas à n’importe quel prix », résumait encore, au mois de juin, le chef de l’Etat.

Le Mercosur, un « fardeau » pour l’Uruguay

Dans ce pays de 7 millions d’habitants, rongé par la corruption et la pauvreté, sans accès à la mer, les exportations sont très concentrées. Près de 70 % concernent le soja et ses dérivés, la viande bovine et l’électricité, à destination principalement des pays de la région, selon la Banque mondiale. Un rapport du ministère de l’économie et des finances de janvier relève que seules 1,5 % des exportations paraguayennes sont destinées à l’UE.

L’autre « petit pays » du Mercosur, l’Uruguay, fait un pas supplémentaire. Souhaitant développer des accords de libre-échange et constatant l’issue incertaine des négociations avec l’UE, Montevideo cherche à s’émanciper du marché du Sud en négociant de façon bilatérale avec d’autres pays, la Chine, notamment.

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