« Malgré leurs multiples interactions, biodiversité, climat et désertification sont traités dans des enceintes séparées »
Les COP sont souvent associées aux rendez-vous annuels sur le climat. Chacun a souvenir de la COP21 qui a vu en 2015 l’adoption de l’accord de Paris. Il y a pourtant autant de COP que de traités onusiens sur l’environnement. Acronymes de Conference of the Parties, elles en sont les organes de décision.
Hasard du calendrier, les COP sur la biodiversité, le climat et la lutte contre la désertification se tiennent toutes les trois d’ici à la fin d’année. La 16e édition de la COP sur la biodiversité a ouvert le bal en Colombie le 21 octobre. Elle doit faire un premier point d’étape sur la mise en œuvre du « pacte de Kunming-Montréal », adopté il y a deux ans à la COP15.
Deux sujets épineux y seront abordés : l’avancement de l’objectif mondial de porter les aires protégées à 30 % des surfaces totales, et la mise en place de financements internationaux de 20 milliards puis 30 milliards de dollars par an pour aider les pays du Sud à freiner l’érosion de leur biodiversité.
Accroître les financements vers le sud ? Ce sera le principal enjeu de la COP29 sur le climat qui se réunit en Azerbaïdjan deux semaines plus tard, du 11 au 22 novembre. L’accord de Paris stipule en effet qu’un nouvel objectif de financement climatique doit se substituer à partir de 2025 à celui existant (100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2024).
Il s’agit certes de « financements climat ». Mais nombre de ces financements agissent à la fois sur le climat et sur la biodiversité : l’arrêt de la déforestation tropicale et la protection des tourbières sont par exemple des objectifs climatiques régulièrement rappelés. Leur atteinte permettrait de sauvegarder des réserves sans équivalent de biodiversité remarquable.
Souvent, les causes de la déforestation sont agricoles
Du 2 au 13 décembre, la COP16 sur la lutte contre la désertification se tiendra en Arabie saoudite. Son champ dépasse les déserts au sens strict du terme : il s’agit de combattre la dégradation des sols et d’accroître la résilience des populations des zones arides face aux impacts du réchauffement climatique.
Le lien avec le climat est donc patent, comme celui avec la biodiversité : quand on restaure un sol, on reconstitue sa biodiversité souterraine qui nous est invisible mais qui est pourtant indispensable à la reproduction du vivant. Malgré leurs multiples interactions, biodiversité, climat et désertification sont traités dans des enceintes séparées au sein des Nations unies.
L’efficacité des actions à mettre en place face à ces menaces globales dépend pourtant de la prise en compte de ces interactions. Les forêts tropicales humides sont concernées au premier chef par l’extension des aires protégées discutée en Colombie. Sur le papier, la plupart des massifs sont déjà théoriquement protégés par des législations censées limiter ou interdire les accès humains, la forme classique des politiques de conservation.
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