Le regain de tensions entre l’Iran et Israël fait remonter les prix du pétrole

Malgré l’embargo américain en vigueur depuis 2018, l’Iran parvient à exporter son pétrole. Ici, une vue du tanker MT Arman 114, saisi par l’armée indonésienne dans ses eaux territoriales, près de la province de Riau, le 7 juillet 2023.

L’escalade au Moyen-Orient, l’attaque de missiles iraniens sur Israël mardi et la possible riposte d’Israël ont dopé les cours du pétrole, qui ont grimpé de près de 9 % en quatre séances. Vendredi 4 octobre, le baril de brent de mer du Nord a clôturé la journée à un peu plus de 78 dollars (environ 71 euros). Tendance similaire pour le baril de West Texas Intermediate, aux Etats-Unis, désormais à plus de 74 dollars.

Jeudi, interrogé sur de potentielles frappes israéliennes contre des installations pétrolières iraniennes et sur un éventuel soutien des Etats-Unis, le président américain Joe Biden, cité par l’Agence France-Presse, a répondu être « en discussion » à ce sujet. Avant d’ajouter, le lendemain, qu’Israël ferait mieux d’« [envisager] d’autres options ».

La remontée des prix reflète l’importance de la République islamique sur le marché de l’or noir. En cas d’offensives avérées sur ses infrastructures pétrolières, il faudrait s’attendre à ce que les prix internationaux grimpent jusqu’à « 10 dollars supplémentaires », anticipe l’analyste Ann-Louise Hittle, du cabinet de conseil Wood Mackenzie. De quoi retrouver un prix du brent au même niveau qu’au mois d’avril.

La Chine, « principal client »

« Une attaque sur les terminaux d’exportation aurait un gros impact, davantage qu’une sur les raffineries fournissant de l’essence pour le marché iranien », estime Giovanni Staunovo, analyste des matières premières pour le groupe bancaire suisse UBS.

L’Iran a extrait 3,4 millions de barils de pétrole brut par jour au mois d’août, selon le dernier relevé de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il était au septième rang mondial en 2023, avec près de 5 % de toute l’offre en brut et en condensats, d’après les chiffres de l’Energy Institute. Ses réserves prouvées de brut comptent aussi parmi les plus importantes, de l’ordre de 200 milliards de barils, sur une base déclarative.

Déduction faite de la consommation intérieure (86 millions d’habitants), environ la moitié de la production iranienne se destine aux exportations. La Chine, première importatrice mondiale de pétrole, en est « le principal client », souligne M. Staunovo.

Ces exportations bravent l’embargo américain en vigueur depuis 2018 – une mesure décrétée à l’initiative de Donald Trump, au motif du programme nucléaire iranien. Car Téhéran parvient à contourner les sanctions. En particulier ces derniers mois, quitte à vendre ses produits moins cher, à bord de navires « fantômes ». L’Iran a ainsi augmenté de 450 000 barils par jour ses extractions durant 2023, d’après l’AIE, ce qui en a fait la « deuxième source de croissance de l’offre après les Etats-Unis ». Et il y aurait encore de la marge : avant les sanctions, la National Iranian Oil Company pouvait sortir de terre près de 4 millions de barils quotidiennement.

Il vous reste 40.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.