Le défenseur des baleines Paul Watson restera en jail jusqu’au 18 décembre

Paul Watson, à Paris, le 25 mars 2010.

La détention du défenseur des baleines Paul Watson, arrêté fin juillet au Groenland en raison d’une demande d’extradition du Japon, a été prolongée jusqu’au 18 décembre, a annoncé la police groenlandaise, lundi 2 décembre.

« Le tribunal du Groenland a décidé aujourd’hui que Paul Watson serait maintenu en détention jusqu’au 18 décembre 2024 afin d’assurer sa présence dans le cadre du processus d’extradition », écrit la police dans un communiqué, précisant que le militant écologiste avait fait appel de cette décision. « Nous sommes en désaccord avec cette décision et avons fait appel », a confirmé une avocate du militant, Julie Stage.

L’Américano-Canadien, qui fête ses 74 ans lundi, a été arrêté à Nuuk, capitale du Groenland, territoire autonome danois, le 21 juillet. Il était alors en route avec son navire le John Paul DeJoria pour intercepter un navire-usine baleinier nippon flambant neuf. C’est pour une autre affaire de chasse à la baleine, remontant à 2010, que le Japon demande son extradition, qualifiée de « politique » par ses défenseurs.

Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson est une figure emblématique de la lutte contre la chasse à la baleine.

Le ministère de la justice danois, qui a consulté dans cette affaire la police groenlandaise et la direction générale du parquet, a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il rendrait sa décision concernant l’extradition « bientôt ». Pour l’avocate de Paul Watson, Julie Stage, cette décision devrait intervenir « d’ici quatorze jours ».

Accusations japonaises

Fin novembre, ses défenseurs ont exhorté le ministre de la justice danois, Peter Hummelgaard, à refuser l’extradition. Si telle était la décision, « il n’y aurait plus de motif de détention et [Paul Watson] serait libéré », a expliqué la procureure en charge du dossier. Dans le cas inverse, ses défenseurs feraient appel.

Le Japon, qui a relancé une demande émise en 2012 par le biais d’une notice rouge d’Interpol, accuse le militant d’être coresponsable de dommages et de blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd. Dans le détail, il est poursuivi pour des blessures qui, selon l’accusation, auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l’acide butyrique, et pour l’abordage du même navire quatre jours plus tard.

Mi-septembre, ses avocats ont saisi le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, dénonçant notamment le risque qu’il encourt de « subir [d]es traitements inhumains (…) dans les geôles japonaises ». Selon eux, ce délit n’est pas passible de prison selon le droit groenlandais, ce que conteste le parquet de Nuuk.

Dans un rare commentaire sur cette affaire, le ministre des affaires étrangères japonais, Takeshi Iwaya, avait estimé début octobre que la demande d’extradition de son pays relevait de « l’application de la loi » plutôt que de la pratique de la pêche à la baleine.

La détention de Paul Watson, personnalité connue pour ses actions coups-de-poing, a soulevé un élan de sympathie dans l’opinion publique, surtout en France où il vit depuis dix-huit mois, et chez les protecteurs de l’environnement. La pétition pour sa libération dépasse les 230 000 signatures, tandis que quelque 220 000 ont été déposées pour soutenir sa demande de nationalité française.

Le Monde avec AFP

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