La reconnaissance faciale au centre du développement de certaines agences d’intérim

La compétition fait rage au sein du monde de l’intérim qui, ces dernières semaines, rivalise d’annonces en matière d’intelligence artificielle. La dernière en date, le 17 juin, qui a fait beaucoup de bruit et laissé la concurrence sceptique, étant celle du spécialiste de l’intérim numérique Gojob. Ce dernier a défrayé la chronique en déployant Gojob Aglaé, un nouvel assistant d’intelligence artificielle (IA) capable, selon Pascal Lorne, le PDG du groupe, de remplacer le travail de deux cents recruteurs, soit cent trente agences d’intérim traditionnelles.

« Notre déploiement de l’IA ne nous empêche pas de continuer à créer de nouvelles agences », constate de son côté Raymond Gomez, le patron du groupe de travail temporaire Proman, qui accélère lui aussi sur la voie numérique depuis son rachat, en novembre 2023, de la start-up d’intérim digital Iziwork. « Nous avons bien compris que l’on ne s’adressait plus de la même façon à des jeunes générations qui travaillent dans la tech qu’à des personnes dans la construction », justifie-t-il. « A ce stade, 80 % de notre activité passe par l’agence classique et 20 % par le digital, avec l’objectif de faire évoluer cette part à 35 % d’ici à 2025. »

Pour ce faire, l’entreprise déploie plusieurs innovations dont la toute dernière, Izicheck, une vérification d’identité instantanée qui est mise en œuvre depuis juin. « Iziwork met à disposition de ses entreprises clientes une nouvelle fonctionnalité sur son app[lication] qui, par un mécanisme de reconnaissance faciale du collaborateur intérimaire, permet de vérifier qu’il s’agit de la personne figurant sur les papiers présentés à l’entreprise », explique Alexandre Dardy, directeur général d’Iziwork.

Risques et bonnes pratiques

Concrètement, l’entreprise peut réaliser un selfie de l’intérimaire, qu’elle scanne pour s’assurer qu’il corresponde bien aux papiers stockés dans la base de l’agence. « En tant qu’employeur, nous risquons une condamnation pénale s’il y a usurpation d’identité, laquelle est parfois découverte lors d’accidents du travail », détaille M. Gomez, qui assure que la photo ne sera « pas gardée » par l’agence.

Ce type d’innovation, du fait de son caractère sensible, reste néanmoins soumis à la vigilance des autorités en charge de la protection de la vie privée. « Une telle vérification, en ce qu’elle repose sur l’utilisation de données personnelles, est soumise au RGPD [règlement général sur la protection des données] », rappelle-t-on à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).

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