La croissance molle menace l’économie mondiale, s’alarme le FMI

Devant le siège du Fonds monétaire international (FMI), à Washington (Etats-Unis), le 18 octobre 2024.

L’économie mondiale réussit son atterrissage en douceur. Les politiques de resserrement monétaire viennent à bout de l’inflation, sans provoquer de récession. La croissance mondiale devrait très légèrement décélérer, à 3,2 % en 2024 et 2025, après avoir atteint 3,3 % en 2023, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), publiées mardi 22 octobre. La décrue de l’inflation à l’échelle planétaire devrait en même temps se poursuivre – la hausse des prix passant de 9,4 % au troisième trimestre 2022 à 3,5 % fin 2025 – et, avec elle, un relâchement des taux d’intérêt qui a déjà commencé aux Etats-Unis et dans la zone euro.

Symbole de cet atterrissage réussi, la croissance américaine devrait s’envoler, aux environs de 2,8 % en 2024, portée par une consommation dynamique. Dans la zone euro (+ 0,8 % envisagé en 2024), la donne est plus compliquée. C’est dans les pays où l’industrie manufacturière occupe un rôle central, comme l’Allemagne (croissance nulle prévue en 2024), que la situation est la plus difficile, tandis que les nations d’Europe du Sud et même la France (+ 1,1 %), davantage tournées vers les services, se portent mieux.

Voilà qui pourrait ressembler à la fin de la crise inflationniste post-Covid-19 et à un retour à la normale. Autrement dit, à une bonne nouvelle. Or, c’est tout le contraire. Le FMI souligne les risques d’une croissance molle pour l’économie mondiale, ainsi que pour les équilibres sociaux et environnementaux.

« Les prévisions de la croissance mondiale à cinq ans sont de 3,1 %, ce qui signifie que les perspectives à moyen terme sont plus médiocres que les prévisions d’avant la pandémie », s’inquiète l’institution de Washington. Elle a calculé que la croissance annuelle moyenne d’ici à la fin de la décennie pourrait être inférieure d’un point de pourcentage à la période 2000-2019, ce qui pourrait, selon elle, « conduire à un recul du niveau de vie ».

Plusieurs moteurs de la croissance mondiale sont en panne, à commencer par celui de la Chine. Au troisième trimestre 2024, la hausse de son produit intérieur brut (PIB) a été la plus faible depuis le début de l’année 2023, et même si les chiffres de la consommation et de la production industrielle ont dépassé les prévisions en septembre, l’effondrement du secteur immobilier reste un défi majeur pour Pékin. Le FMI a abaissé de 0,2 point de pourcentage sa prévision de croissance pour 2024, à 4,8 %, et table sur 4,5 % en 2025.

« Défis structurels »

Autre coup de froid sur l’activité mondiale : la montée du protectionnisme. Si l’on en croit l’Organisation mondiale du commerce, la réduction des barrières douanières aurait permis, à elle seule, d’augmenter de 6,8 % la croissance mondiale entre 1995 et 2020. Cet appel d’air lié au libre-échange s’estompe.

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