« Il est useless d’imaginer une obscure significative de départs d’universitaires américains »

L’offensive de la nouvelle administration américaine face à la science est spectaculaire, mais il ne faut pas se tromper sur sa nature : elle ne concerne qu’à la marge son budget. Dès janvier, des chiffres ont fusé sur les potentiels milliards de dollars amputés dans la recherche médicale – le premier poste fédéral civil. La menace planait sur les overheads (« préciputs »), les sommes que versent les financeurs au titre des services généraux offerts par l’université ou l’organisme de recherche (bâtiment, administration, sécurité, etc.).
En France, l’Agence nationale de la recherche finance ces dépenses à hauteur de 30 %, après avoir longtemps été limitée à 20 %. Outre-Atlantique, le préciput pris en charge par les National Institutes of Health (NIH) peut atteindre 60 %. Début février, l’agence fédérale devait les réduire à 15 %, permettant d’économiser 4 milliards de dollars (3,87 milliards d’euros), avant qu’un juge fédéral ne suspende cette mesure, quelques jours plus tard. Or, l’adoption du deal budgétaire par le Congrès, le 14 mars, a conduit à un quasi-gel du budget fédéral de la recherche, ce qui rend désormais impossible la remise en cause des préciputs des NIH jusqu’à la fin de l’année fiscale.
Les dépenses fédérales américaines en matière de recherche et développement demeurent donc voisines de 150 milliards de dollars (137 milliards d’euros). Si la ventilation est modifiée, seulement de 2 milliards à 3 milliards de dollars de programmes complémentaires sont retirés. C’est bien moins, proportionnellement, que les annulations de crédits de l’enseignement supérieur et de la recherche décidées en France en 2024, qui s’élevaient à 904 millions d’euros.
Figure de repoussoir
Les programmes de recherche dans les universités privées sont également financés par les NIH. Contre toute attente, leur nouveau directeur, Jay Bhattacharya, fidèle de Donald Trump, n’a pas fait de coupe claire. Alors que l’université de Stanford pouvait craindre des pertes de financement fédéral, celles-ci ne devraient finalement représenter qu’une faible part de son budget de près de 9 milliards de dollars (8,2 milliards d’euros). L’université californienne s’est contentée d’annoncer un gel des embauches de personnel administratif, décision saluée positivement par des étudiants néoconservateurs. En comparaison, l’université d’Aix-Marseille, pionnière pour bâtir un programme d’accueil de quelques collègues américains, a un budget dix fois moindre pour huit fois plus d’étudiants !
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