Honda évoque une éventuelle fusion avec Nissan avec l’objectif de se renforcer sur l’électrique

Les PDG de Nissan, Makoto Uchida, et de Honda, Toshihiro Mibe, lors d’une conférence de presse commune à Tokyo, le 15 mars 2024.

La fusion entre les deux entreprises automobiles japonaises Honda et Nissan revient sur le devant de la scène. Selon le quotidien économique Nikkei, les deux constructeurs vont entamer des pourparlers en vue d’exercer leurs activités sous la houlette d’une société holding unique et signeront bientôt un protocole d’accord pour la nouvelle entité.

« Comme nous l’avions annoncé en mars et août, nous discutons de possibilités de coopérations avec Nissan dans de nombreux domaines » et une éventuelle fusion « figure parmi les possibilités », a réagi, mercredi 18 décembre, un porte-parole de Honda à l’Agence France-Presse. « Mais rien n’est décidé », a-t-il insisté. « Honda et Nissan explorent diverses possibilités de collaboration, pour tirer parti de leurs forces respectives », a simplement réagi Nissan, de son côté.

Honda et Nissan sont respectivement deuxième et troisième constructeurs automobiles japonais derrière Toyota. Ils envisagent d’inclure Mitsubishi Motors – dont Nissan est le principal actionnaire – au sein de la holding, pour donner naissance à l’un des plus gros groupes automobiles au monde, précise Nikkei. Le « principal objet » des pourparlers est entre Nissan et Honda, l’implication de Mitsubishi se situant « à un niveau différent », a tempéré le porte-parole de Honda.

Le titre de Nissan s’envole

Le titre de Nissan a été momentanément suspendu mercredi à la Bourse de Tokyo avant de s’envoler de 24 %. Il cotait 413 yens (+ 22,36 %) vers 1 h 07 GMT (2 h 07 à Paris), dans un marché en recul de 0,60 %. A la même heure, Honda reculait de 1,67 %, et Mitsubishi grimpait de 14,31 %.

Ce rapprochement, s’il se confirme, intervient alors que Nissan connaît de profondes difficultés : le groupe a annoncé début novembre qu’il allait supprimer 9 000 postes dans ses effectifs mondiaux et tailler dans ses capacités de production pour s’adapter à une nette dégradation de ses ventes. Le groupe peine à enrayer son fort repli sur ses marchés phare, aux Etats-Unis et surtout en Chine, où ses ventes se sont effondrées de 13 % sur le trimestre juillet-septembre, face à la concurrence acérée des constructeurs chinois, leaders sur l’électrique.

Honda et Nissan avaient déjà annoncé en mars un protocole d’accord pour un « partenariat stratégique » dans les véhicules électriques et d’autres domaines : ils voulaient notamment étudier des perspectives de collaboration dans les plateformes de logiciels, des composants clés pour véhicules électrifiés et autres produits complémentaires.

Le choix de l’hybride plutôt que le tout électrique

Les constructeurs nippons cherchent à se renforcer rapidement dans l’électrique, marché dont le décollage mondial depuis quelques années, surtout en Chine et en Europe, les a pris de vitesse. Or, les groupes japonais avaient choisi de se concentrer plutôt sur les véhicules hybrides, qui combinent motorisations thermique et électrique. Les hybrides se sont révélés très populaires au Japon, représentant 40 % des ventes en 2022 dans l’archipel. Seulement 1,7 % des voitures vendues au Japon cette année-là étaient électriques, contre 15 % en Europe occidentale et 5,3 % aux Etats-Unis.

Mais cela a conduit les constructeurs nippons à négliger la demande mondiale croissante pour les voitures entièrement électriques : la Chine a dépassé le Japon en tant que premier exportateur de véhicules du globe en 2023, grâce à sa position dominante dans le tout électrique. Les ventes de Nissan et Honda ont par ailleurs durement chuté en Chine après la fermeture de certaines de leurs usines sur place. Quant à Mitsubishi Motors, il a renoncé l’an dernier à continuer de produire dans le pays.

Au Japon également, même si la vague électrique y est plus faible qu’ailleurs, le marché historiquement dominé par les marques locales est désormais ébranlé par l’américain Tesla, l’arrivée du champion chinois de l’électrique BYD et le retour du sud-coréen Hyundai, là aussi avec des véhicules électrifiés.

Honda a cependant annoncé en mai son intention de doubler ses investissements dans ce domaine pour atteindre 65 milliards de dollars d’ici 2030, avec l’objectif de vendre 100 % de véhicules électriques d’ici à 2040. Nissan avait affiché des ambitions similaires, affirmant en mars que seize des trente nouveaux modèles qu’il prévoit de lancer au cours des trois prochaines années seraient « électrifiés ».

L’alliance historique de Nissan avec le français Renault, de son côté, avait été nettement réduite l’an dernier, les deux constructeurs sélectionnant désormais leurs projets communs au cas par cas.

Le Monde avec AFP

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