Guerre en Ukraine : l’embarras occidental face à l’engagement nord-coréen

Le président russe, Vladimir Poutine, et la ministre nord-coréenne des affaires étrangères, Choe son-Hui, au Kremlin, à Moscou, le 4 novembre 2024.

La condamnation officielle des alliés de l’Ukraine aura mis trois semaines à venir. Vendredi 8 novembre, le Conseil de l’Atlantique Nord, l’organe de décision politique au sein de l’OTAN, a « fermement condamné » l’engagement de soldats nord-coréens aux côtés de la Russie, désormais avéré dans la région russe de Koursk, en partie occupée par l’Ukraine depuis cet été.

« Le déploiement de milliers de combattants [de Corée du Nord] constitue une dangereuse intensification du soutien déjà substantiel apporté par ce pays à la guerre d’agression que la Russie mène, en toute illégalité, contre l’Ukraine », a dénoncé l’Alliance atlantique. Un communiqué signé à titre exceptionnel par ses partenaires en Asie et en Océanie, la Corée du Sud, le Japon, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, ainsi que par l’Ukraine.

Une condamnation collective qui intervient au surlendemain de la publication d’une tribune au style inhabituellement dramatique du secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, mercredi, par le site d’information Politico. « La présence de troupes nord-coréennes en Europe marque un tournant […] sommes-nous à la veille de quelque chose de bien plus sombre que la dévastation qui a déjà été infligée au peuple ukrainien ? », s’interrogeait le nouveau représentant de l’Alliance atlantique, qui a pris ses fonctions le 1er octobre.

Piégés par le contexte électoral américain

Malgré l’escalade sans précédent que représente le déploiement des soldats nord-coréens, aucune mesure de représailles n’a toutefois été prise publiquement, à ce stade, par les alliés. Au point que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’en est agacé à plusieurs reprises. « La réaction, aujourd’hui, c’est rien, zéro », a-t-il notamment déclaré, le 31 octobre, lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision sud-coréenne KBS.

« On est piégés par le contexte électoral américain. Si cela était arrivé au printemps, on aurait sans doute réagi différemment », regrette une source diplomatique occidentale qui estime que ce nouveau seuil serait en mesure de relancer le débat sur l’usage des armes à longues portées occidentales pour atteindre des cibles en territoire russe. « On n’a pas encore suffisamment tiré toute la dimension » de ce qui est en train de se passer, ajoute le même interlocuteur.

Au-delà du contexte politique américain, l’une des raisons avancées pour justifier ce flottement occidental tient à la difficulté des alliés à corroborer leurs informations sur la présence de ces soldats nord-coréens. D’abord révélé par le renseignement sud-coréen, le 19 octobre, le transfert progressif, dans la région russe de Koursk, de ces 12 000 militaires affiliés au régime de Kim Jong-un, n’a été confirmé par les Etats-Unis que le 23 octobre. « Les Sud-Coréens ont appris des choses aux Américains », confirme une source proche du dossier. « Les efforts déployés pour dissimuler l’origine des troupes rendent les évaluations difficiles », avance-t-on aussi du côté du siège de l’Alliance, à Bruxelles.

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