Grève des pilotes jeudi pour protester contre le triplement de la taxe sur le transport aérien

Un voyageur à son arrivée à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, à Mérignac, dans le sud-ouest de la France, le 28 septembre 2024.

Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) appelle à une grève jeudi 14 novembre, a-t-il rapporté dimanche 10 novembre à l’Agence France-Presse (AFP). Le SNPL appelle dans le même temps à un rassemblement devant l’Assemblée nationale après le vote par les députés d’un alourdissement de la fiscalité sur le transport aérien.

« Contre la volonté du gouvernement de prélever 1 milliard supplémentaire par an sur le secteur aérien, nous appelons les pilotes mais aussi tous les salariés du secteur aérien à se mobiliser le 14 novembre », a déclaré un porte-parole du syndicat ultramajoritaire chez les pilotes. « Nous appelons à un rassemblement près de l’Assemblée nationale en fin de matinée », a-t-on ajouté.

Dans un communiqué commun envoyé dimanche en fin de journée, plusieurs autres syndicats du secteur – l’UNSA-Transport, l’UNSA-PNC, la CFE-CGC-FNEMA, l’UNAC, le SNPNC-FO et le FEETS-FO – ont annoncé qu’ils appelaient « tous les salariés du secteur aérien à venir manifester leur désaccord avec cette taxation mortifère pour les emplois devant l’Assemblée nationale le 14 novembre ». « Ce projet est une attaque sans précédent sur le secteur de l’aérien en France, ses emplois, sa compétitivité et sa pérennité », dénoncent-ils.

Les députés, qui examinent le projet de budget 2025, ont approuvé vendredi l’alourdissement de la fiscalité sur le transport aérien proposé par le gouvernement, en limitant toutefois sa durée à un an et en excluant du dispositif l’outre-mer et la Corse. Cet amendement est censé alourdir d’1 milliard d’euros la fiscalité du transport aérien et entrer en vigueur le 1er janvier 2025.

Concrètement, ce dispositif va relever les tarifs de la taxe sur les billets d’avion. Pour les vols en classe économique, la hausse sera de 2,60 euros à 9,50 euros par passager pour une destination européenne, de 7,50 euros à 15 euros pour les destinations intermédiaires, et de 7,50 euros à 40 euros pour les destinations lointaines, selon le rapporteur général du budget, Charles de Courson.

Risque sur l’emploi, selon les syndicats

Vendredi soir, le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, avait réaffirmé son opposition et estimé que, en excluant les territoires ultramarins et la Corse de cette augmentation de taxe, les députés avaient « reconnu » les risques d’une telle mesure pour « la compétitivité des compagnies françaises ».

Le SNPL dénonce « une multiplication par trois de cette taxe, sans qu’une consultation des acteurs du secteur n’ait eu lieu ». « Alors que de nombreux acteurs du secteur aérien se remettent à peine des effets prolongés de la période de la crise de Covid-19, cette imposition supplémentaire entraînera à terme des dizaines de milliers de suppressions d’emplois en France », affirme le syndicat, qui demande au gouvernement de reculer.

Dimanche, le ministre délégué chargé des transports, François Durovray, a défendu cet alourdissement fiscal sur Franceinfo : « Cette taxe, elle a, à la fois, une vertu de contribution au rétablissement des comptes de l’Etat, mais aussi une visée environnementale » du fait des émissions carbone de l’aviation.

Appelant à « travailler à un système vertueux », il a estimé que cette taxe pourrait inciter les compagnies aériennes « à mettre davantage de carburant durable dans les avions », saluant les efforts déjà engagés par l’industrie aéronautique française, mais sans avancer de piste quant à la disponibilité du carburant durable.

Le Monde avec AFP