En Turquie, la colère gronde contre la multiplication des mines et des barrages : « Le gouvernement pousse dans tous les sens, au mépris du droit »

La route s’élève à flanc de montagne jusqu’au pied d’un lac baigné de soleil en surplomb de la vallée. Plus d’une vingtaine d’habitants d’Uzungöl, une commune de l’extrême nord-est de la Turquie, sont assis là, dans le froid, autour d’un feu sur lequel une gigantesque théière bout depuis des heures. Dans l’assemblée, on trouve quelques jeunes et beaucoup de moins jeunes, des paysans et des fonctionnaires, certains barbus, d’autres rasés de près, des femmes voilées, d’autres non, des familles aux origines parfois mêlées, grecques, arméniennes ou de la Géorgie voisine.

Tous surveillent le site où ils ont réussi à empêcher, le 4 novembre, la relance d’un vieux projet de barrage hydroélectrique sur la rivière Haldizen. Ensemble, ce jour-là, ils ont bravé les gendarmes et empêché le passage des camions et des pelleteuses. Et n’ont plus bougé. Mehmet Keles, la cinquantaine, un jeune retraité devenu promoteur touristique et porte-parole des villageois, désigne l’extrémité de la route en direction de la mer Noire. « La vallée compte déjà six barrages sur 40 kilomètres, cela suffit ! »

Depuis, les autorités ont affirmé que l’entreprise s’était retirée. « Mais personne ne les croit. Deux autres projets sont en attente de validation ici même, encore une vingtaine d’autres plus loin et plusieurs procès sont en cours, précise Mehmet Keles. Le piquet de surveillance reste, ils ne tromperont plus notre vigilance. »

Des habitants d’Uzungöl rassemblés pour protester contre la construction d’une centrale hydroélectrique. Sur le bord de la route, dans le village de Taskiran, le 28 novembre 2024.

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