En Martinique, six policiers blessés par des tirs lors de violences urbaines sur fond de mobilisation contre la vie chère

Des conteneurs maritimes au port de Fort-de-France, en Martinique, le 16 juin 2022.

Alors que l’île de la Martinique connaît depuis dimanche une vague de mobilisation contre la vie chère, six policiers ont été visés par des tirs d’arme à feu et ont été légèrement blessés lors de violences urbaines qui ont éclaté à Fort-de-France, dans la nuit de lundi 2 à mardi 3 septembre, a fait savoir la préfecture.

« Au cours de la nuit, ils sont intervenus à trois reprises face à des groupes d’individus violents qui les ont pris pour cibles au moyen d’armes à feu et de jets de projectiles », est-il écrit dans le communiqué, qui précise que les policiers ont essuyé à deux reprises des « tirs à balles réelles, qui ont blessé légèrement six fonctionnaires et dégradé deux véhicules ». Trois personnes ont été interpellées.

Les échauffourées ont eu lieu dans le quartier de Sainte-Thérèse, à proximité du Grand Port maritime de Martinique. Selon la préfecture, « trois voitures et plusieurs poubelles ont été incendiées (…), ainsi que des matériaux volés d’un chantier de travaux publics ». Trois bidons d’essence ont été découverts à proximité des barricades, la préfecture annonçant l’interdiction de vente de carburant en bidon « afin de prévenir tout risque ».

Des produits alimentaires 40 % plus chers que dans l’Hexagone

Lundi matin, les forces de l’ordre étaient déjà intervenues pour débloquer les accès du port de Fort-de-France. Des cocktails molotov et un bidon d’essence avaient été retrouvés, tandis que des tas de pierres étaient par ailleurs disséminés derrière des barricades.

L’activité du Grand Port maritime de Martinique, par lequel transitent 98 % des marchandises qui entrent ou sortent du territoire d’outre-mer, est perturbée depuis dimanche par un mouvement de protestation contre la vie chère. Plusieurs centaines de personnes avaient répondu à l’appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC), qui réclame l’alignement du prix des produits alimentaires sur ceux pratiqués dans l’Hexagone.

Interpellé tôt dimanche matin près d’un dépôt de bus où des dégradations ont été commises, le président du RPPRAC, Rodrigue Petitot, a été remis en liberté lundi soir sous le statut de témoin assisté. En réaction à son arrestation, les syndicats de dockers et d’agents du port ont cessé le travail. Ils réclament également des négociations sur la question de la vie chère. Leur mouvement continue mardi, selon la direction du port.

La question des prix des produits alimentataires est un sujet de préoccupation majeur et quotidien pour les habitants des territoires d’outre-mer. En 2022, les produits alimentaires étaient en moyenne 40 % plus chers en Martinique qu’en France métropolitaine, d’après l’Insee. « Les produits laitiers, la viande, les fruits et les boissons non alcoolisées contribuent le plus aux écarts observés dans l’alimentation entre les deux territoires. Parmi les produits agroalimentaires, la viande représente 17 % de la dépense de consommation des ménages martiniquais », précise l’organisme. Cet écart des prix des produits alimentataires s’est depuis davantage creusé sur fond de forte inflation.

Le Monde avec AFP

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