En Haute-Garonne, les facteurs ne sonnent plus tous les jours : « Ça me fait une présence quand il passe le matin »
Le hangar sommaire qui abrite le « PTS » – pour « petit site facteurs » – de dix agents est posé au bord de la sortie de l’A61, à l’entrée de Castanet-Tolosan. Au milieu des engins de chantier, les fourgonnettes jaunes attendent les postiers qui sortent chargés de cagettes en plastique remplies de courrier et de petits paquets. En ce matin du lundi 17 mars, Benoît Strutynski, grand gaillard vêtu de la fameuse veste bleu marine siglée du petit logo bleu sur fond jaune, se dépêche de charger la sienne avant de démarrer pour six heures d’un circuit pressé.
La route défile, traverse un premier lotissement en bordure du bourg, et s’enfonce sur les terres périurbaines de ce coin de Haute-Garonne. Le postier s’arrête de temps en temps pour déposer ici un exemplaire de La Dépêche du Midi, là un courrier recommandé, sans stopper le moteur. Salue d’un signe un riverain, toujours sans immobiliser son véhicule. « Ce qu’on traverse, c’est la “zone allégée” où on ne livre que le courrier prioritaire. On passera ensuite sur la “zone dense”, pour une tournée normale, où on distribue tout. Demain, les deux zones seront inversées », explique le « rouleur » (agent qui remplace les absents) de 38 ans, dont cinq à la Poste.
Les tournées ont changé avec l’application de la « distribution pilotée ». Un terme du jargon postal pour désigner la nouvelle organisation mise en place par la direction de La Poste en 2023, avec une distribution du courrier un jour sur deux et des zones couvertes par le même facteur étendues. Dans le département, elle est mise en pratique depuis l’été 2024, au grand dam des équipes. Pour Benoît Strutynski, le circuit s’est du coup allongé : aux rues bordant grosses villas au milieu de hauts arbres, le club hippique et les beaux jardins cachés derrière les haies de thuyas, s’est ajouté un lotissement de maisons toutes neuves. « C’est la conséquence de l’abandon du timbre rouge qui signait les tournées quotidiennes sur tout le territoire. Même si la direction assure le contraire, la conséquence est une baisse évidente de la qualité de service », assène celui qui est aussi délégué CGT du site.
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