En Europe, après la chute d’Al-Assad, le type des réfugiés syriens en query

Des manifestants pro-Syrie célèbrent la chute du régime de Bachar Al-Assad, à Vienne, le 8 décembre 2024.

Les réfugiés syriens qui célébraient dans une ambiance d’euphorie la chute du régime de Bachar Al-Assad, dimanche 8 décembre, se sont réveillés, le lendemain, avec la gueule de bois. Dans plusieurs pays européens, l’enthousiasme a rapidement fait place à un débat politique et juridique sur l’opportunité de les renvoyer vers leur pays d’origine.

Lundi 9 décembre, la France, l’Allemagne, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, la Suède et la Grèce ont annoncé suspendre l’examen des demandes d’asile en provenance de Syrie. Le Royaume-Uni et la Suisse les ont suivis en fin de journée. De son côté, l’Autriche est même allée jusqu’à annoncer préparer un « programme de rapatriement et d’expulsion » des Syriens ayant déjà obtenu l’asile. Au sein de l’Union européenne (UE), la législation est du ressort de chaque pays.

« Nous travaillons sur une suspension des dossiers d’asile en cours provenant de Syrie », a indiqué le ministère de l’intérieur français. L’instruction des demandes d’asile relève de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui n’est toutefois pas placé sous l’autorité de la Place Beauvau. « Nous suivons de manière très attentive la situation en Syrie, très évolutive, et cela peut nous amener à différer certaines décisions, précise le directeur de l’Ofpra, Julien Boucher. Si les craintes de persécutions invoquées par les demandeurs sont liées au régime Al-Assad, il va falloir se donner un petit peu de recul pour adapter notre pratique décisionnelle. »

Un million de Syriens en Allemagne

Environ 700 demandes d’asile de Syriens sont en cours d’examen et quelque 45 000 ressortissants syriens bénéficient d’une protection en France, destination assez peu prisée des Syriens depuis le début de la guerre, en 2011. L’Allemagne, qui héberge près de 1 million de Syriens et s’était distinguée, lors de la vague migratoire de 2015-2016, par la générosité de sa politique d’accueil, a cette fois devancé la France de quelques heures. Lundi matin, Berlin a ainsi annoncé son intention de geler l’examen des demandes d’asile en cours « jusqu’à ce que la situation soit plus claire », a indiqué le ministère allemand de l’intérieur, qui envisage aussi de révoquer un statut de protection déjà accordé en fonction de l’évolution de la situation sur place. Quelque 47 270 demandes seraient concernées. Le ministère a néanmoins souligné que la situation « confuse » en Syrie rendait les « spéculations » sur un retour des réfugiés « pas sérieuses ».

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