En difficulté, le bâtiment réclame des mesures de soutien
Ils ont le sourire, les présidents de fédération des professionnels du BTP, depuis quelques jours. Pas uniquement parce que Batimat, le « salon de l’agriculture du bâtiment » et de la construction (6 % du produit intérieur brut) qui se tient tous les deux ans, à Paris, porte de Versailles, fait le plein. Chaque matin, entre le lundi 30 septembre et le jeudi 3 octobre, des groupes entiers d’hommes (grandement majoritaires), qui semblent s’être donné le mot pour porter une doudoune sans manches noire ou marine, se sont engouffrés dans les allées du Parc des expositions. Mais aussi parce qu’en moins de quarante-huit heures, ils ont reçu la visite de deux ministres, qu’ils connaissent bien, très bien, même, pour certains. Sur celles-ci reposent tous leurs espoirs de relancer une machine grippée par l’effondrement de la construction neuve. Quand la rénovation énergétique, ballottée par d’incessants changements de règles, n’a pas soutenu l’activité autant qu’espéré.
« Je vous fais la bise, je vois que vous faites la bise à Olivier », lançait, mercredi 2 octobre, Jean-Christophe Repon à Valérie Létard, la ministre du logement – « de plein exercice », comme se réjouit le secteur, qui voit là une marque de considération après un défilé de cinq ministres délégués en sept ans. L’entrepreneur préside la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). « Olivier », dont il parle, c’est Olivier Salleron, le président de la puissante Fédération française du bâtiment (FFB), maître dans l’art de la mise en scène et du lobbying décomplexé.
Lundi 30 septembre, la veille de la déclaration de politique générale du premier ministre, Michel Barnier, Olivier Salleron était en « réunion de travail », au ministère, avec Valérie Létard. Il faut revenir au prêt à taux zéro sur tout le territoire, martèle-t-il depuis des mois. La disparition du dispositif Pinel – cette mesure de défiscalisation aux effets discutés – est une erreur à ses yeux. Mardi 1er octobre après-midi, devant les députés, le premier ministre s’est déjà dit « favorable » à l’extension du prêt à taux zéro à l’ensemble du pays.
Les deux hommes qui accueillaient ensemble la ministre du logement, mercredi 2 octobre au matin, et, la veille, Françoise Gatel, la ministre des ruralités, du commerce et de l’artisanat, sont loin d’être d’accord sur tout, notamment sur le degré d’alarmisme à injecter dans les discours adressés aux pouvoirs publics. La FFB est historiquement liée au neuf – « une chute catastrophique des mises en chantier [− 20,2 % sur les douze derniers mois] et des permis de construire [− 12,1 % sur les trois derniers mois] », rappelait Olivier Salleron, mi-septembre ; la Capeb se concentre davantage sur la rénovation de l’existant. Pour la venue des ministres, ils ont fait bonne figure. Et comme chaque personne opportunément placée sur le chemin de celles-ci, ils ont redoublé d’énergie pour que leur message imprime.
Il vous reste 51.1% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.