En Allemagne, le Parti libéral-démocrate s’enfonce dans la crise

Bijan Djir-Sarai, secrétaire général du FDP, lors de sa déclaration de démission au bureau fédéral de son parti à Berlin, le 29 novembre 2024.

Le Parti libéral-démocrate (FDP), réputé faiseur de rois pour sa capacité à former ou à faire tomber les majorités en Allemagne, sera-t-il encore représenté au Bundestag après les élections du 23 février 2025 ? La formation traverse une crise qui met en péril son avenir à court terme, après que plusieurs enquêtes de presse ont révélé la façon dont elle avait planifié sa rupture avec la coalition du chancelier, Olaf Scholz (SPD), le soir du 6 novembre.

Vendredi 29 novembre, à moins de cent jours des élections législatives, les deux principaux responsables du parti – son secrétaire général, Bijan Djir-Sarai, puis son directeur fédéral, Carsten Reymann – ont démissionné. Tous deux ont fait part de leur volonté de préserver leur organisation, après avoir rendu public un document interne confirmant les informations de plusieurs médias allemands, selon lesquelles le FDP avait échafaudé des « scénarios de déroulement du jour J » en amont de la rupture avec la coalition gouvernementale.

A l’issue des législatives de 2021, le FDP a formé une alliance avec le SPD et les Verts pour gouverner le pays. Mais les relations au sein de la coalition n’ont cessé de se détériorer, les divergences idéologiques s’accentuant entre un SPD d’inspiration keynésienne et un FDP faisant de l’orthodoxie budgétaire un totem politique. Le 6 novembre, en pleine discussion sur le budget 2025, Olaf Scholz a fini par limoger Christian Lindner, son ministre des finances et président du FDP, provoquant l’éclatement de la coalition et rendant inévitable la tenue d’élections anticipées.

« Je suis contraint de prendre cette décision afin d’éviter tout dommage à notre pays, avait alors expliqué le chancelier. Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir, qui ait la force de prendre les décisions nécessaires. » Christian Lindner avait tenté de se présenter comme une victime, accusant Olaf Scholz d’avoir planifié son départ de longue date.

Un « scandale »

Le FDP, qui avait d’abord démenti les informations le concernant, se trouve confondu par ses propres documents internes, qui décrivent précisément la façon dont la rupture avec la coalition pouvait se dérouler, le moment idéal pour qu’elle intervienne, et la communication devant accompagner l’événement, y compris le discours que devait prononcer Christian Lindner le jour de son départ du gouvernement. Ce faisant, le FDP espérait remonter dans les sondages, la coalition étant particulièrement impopulaire dans l’opinion. Il escomptait ensuite mener une campagne sur son thème de prédilection, l’économie, alors que l’Allemagne traverse sa deuxième année de récession.

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