Droits de douane : « L’UE devrait prendre la tête d’une coalition de pays favorables au commerce et prêts à respecter des règles communes »

Ancienne commissaire européenne au commerce entre 2014 et 2019, Cecilia Malmström a l’expérience des négociations difficiles avec l’administration Trump. Chercheuse associée au Peterson Institute for International Economics, à Washington, elle estime que l’Union européenne (UE) aurait dû imposer des mesures de rétorsion plus tôt, sans attendre la mi-avril. Selon elle, Bruxelles ne veut pas brusquer Washington sur les droits de douane pour mieux négocier avec les Etats-Unis sur l’invasion russe en Ukraine.
Pour la première fois, le président américain, Donald Trump, met en place des droits de douane réciproques. En quoi cette mesure est-elle inédite ?
Cela signifie d’abord la fin du système commercial, bâti ces quatre-vingts dernières années avec, comme clé de voûte, le principe de non-discrimination, à savoir qu’un pays doit imposer les mêmes droits de douane à tous ses partenaires, qu’ils soient riches ou pauvres, sauf ceux avec qui il a signé des accords commerciaux. L’idée, c’est de ne discriminer aucun pays et de n’en exclure aucun du commerce mondial.
Il faut ensuite regarder les droits de douane dans leur globalité. Le président américain nous reproche d’avoir des taxes aux importations pour les automobiles bien plus élevées qu’elles ne le sont aux Etats-Unis [avant qu’il annonce ajouter 25 % de droits de douane, le 27 mars], mais ce qu’il oublie de dire, c’est que celles qui portent sur les véhicules utilitaires sont bien plus élevées aux Etats-Unis qu’en Europe. Et si on devait les augmenter au nom de la réciprocité, cela pénaliserait les exportations américaines. Et si on le fait, alors la hausse sera pour tout le monde et pas seulement pour les Etats-Unis, au nom du principe de non-discrimination.
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