Colère des agriculteurs : déblocage annoncé du port de Bordeaux vendredi ; des centrales d’achat encore bloquées en Charente, dans le Lot-et-Garonne, les Landes et le Tarn

Un tracteur arbore un drapeau avec le sigle de la Coordination rurale, lors d’une mobilisation à Beychac-et-Caillau (Gironde), le 20 novembre 2024.

Le blocage du port de Bordeaux par des agriculteurs va être levé vendredi matin, a appris l’Agence France-Presse jeudi 21 novembre auprès de la Coordination rurale (CR), le deuxième syndicat agricole, qui estime que le premier ministre a répondu à ses revendications. « On avait demandé à Barnier de s’engager sur la surtransposition [des règles européennes], (…) il a dit [devant le Sénat] : les agriculteurs ont raison, il y a trop de normes », a déclaré José Pérez, coprésident de la CR du Lot-et-Garonne (CR47).

Quelque 200 agriculteurs du syndicat bloquent avec des dizaines de tracteurs les accès au port depuis mercredi soir pour réclamer des mesures de « simplification » et dénoncer la « surtransposition » des règles de l’Union européenne en droit français.

Les autorités recensaient en fin de matinée 596 agriculteurs et 224 engins agricoles mobilisés dans 16 départements. Jeudi soir, ils bloquaient encore des centrales d’achat en Charente, dans le Lot-et-Garonne, les Landes et le Tarn. En Gironde, les gendarmes ont libéré sans heurts les accès à deux plateformes logistiques de la grande distribution. La Coordination rurale a également ciblé des bâtiments de la Mutualité sociale agricole et de directions administratives départementales à Mont-de-Marsan (Landes).

A l’autre bout de la France, des membres de la CR sont venus dans le centre de Strasbourg avec une dizaine de tracteurs pour distribuer 600 kilos de pommes. A Lille, des membres de la CR ont garé leurs tracteurs jeudi après-midi devant le conseil régional des Hauts-de-France, où une délégation a été reçue par le cabinet de son président Xavier Bertrand.

Elections professionnelles

La ministre de l’agriculture, Annie Genevard, a effectué jeudi, dans le Pas-de-Calais, sa première visite sur le terrain depuis le retour des exploitants dans la rue, qui dénoncent en particulier le projet d’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, la zone de libre-échange sud-américaine.

Lors de sa visite, Mme Genevard a de nouveau estimé que les pesticides autorisés en Europe devraient l’être « également en France ». « On ne peut pas considérer que les vingt-six autres pays européens qui accordent des autorisations de traitement [phytosanitaire] le font au mépris de la santé de leur population », a déclaré la ministre, qui a aussi promis « dans les prochains jours des annonces en matière de simplification ».

Mercredi, Mme Genevard a redit l’opposition du gouvernement à l’accord avec le Mercosur et sa volonté de réunir une minorité de blocage au sein de l’UE pour l’empêcher. « On y travaille ardemment », a assuré Mme Genevard, ajoutant : « On va faire tout ce qu’on peut pour empêcher cet accord qui est mauvais. »

Sur la mobilisation des agriculteurs, Mme Genevard a jugé mercredi soir qu’« on ne peut pas accepter qu’il y ait des débordements ». « On a fixé le cadre qui n’exclut pas le dialogue, qui n’exclut pas la protestation », a-t-elle ajouté, alors que son collègue de l’intérieur, Bruno Retailleau, avait évoqué dimanche une « tolérance zéro » en cas de « blocage durable ».

Ce nouvel épisode de manifestations survient à quelques semaines d’élections professionnelles. La CR compte briser l’hégémonie de l’alliance majoritaire entre la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. Ces deux syndicats avaient prévenu qu’ils se mobiliseraient jusqu’à la mi-décembre contre l’accord commercial avec des pays du Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu. Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne a aussi organisé des actions pour dénoncer tous les traités de libre-échange.

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a annoncé que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, « mardi, mercredi et jeudi ».

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu