Aux portes de l’OTAN, un exercice militaire lourd de sens entre la Chine et la Biélorussie
La Chine et la Biélorussie mènent, depuis lundi 8 juillet, des exercices militaires conjoints près de la ville biélorusse de Brest, à seulement 5 kilomètres de la frontière avec la Pologne, membre de l’OTAN. Ces manœuvres, baptisées « Eagle Assault » et qui doivent durer onze jours, ont débuté la veille de l’ouverture du sommet de l’Alliance atlantique, qui se tient à Washington du 9 au 11 juillet. Elles constituent une réponse à la « politique étrangère agressive de l’Occident envers la Biélorussie », proche alliée de Moscou et sanctionnée pour son implication dans la guerre en Ukraine, et à la « provocation ukrainienne », a déclaré, vendredi, le chef adjoint de l’état-major général des forces armées biélorusses, Vladimir Koupriyanyouk.
Selon le ministère chinois de la défense, les forces des deux pays doivent simuler ensemble « des libérations d’otages et des opérations de contre-terrorisme ». Les quelques photos officielles des soldats rattachés au commandement du théâtre d’opérations du Nord chinois débarquant d’avions de transport de troupes sur une base biélorusse laissent entendre qu’il s’agit d’un déploiement relativement modeste en nombre d’hommes.
Mais, à deux pas d’une frontière de l’OTAN, ces exercices revêtent une forte portée symbolique et constituent un défi politique envoyé aux Occidentaux. Ils répondent aux velléités américaines d’introduire de plus en plus explicitement la question chinoise et la sécurité en Asie-Pacifique dans les priorités de l’Alliance. Et font surgir la Chine – qui se pose en acteur neutre dans la guerre en Ukraine, même si elle n’a jamais condamné l’invasion russe et fournit à Moscou les machines et matériaux permettant à ses usines d’armement de se maintenir – à seulement une cinquantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne.
Pour la Biélorussie, « c’est une façon de menacer les Occidentaux, en montrant que Loukachenko a le pouvoir d’asseoir la présence et l’influence militaire de la Chine au cœur de l’Europe et aux frontières de l’OTAN », analyse Valery Kavaleuski, directeur exécutif de l’Agence des affaires euro-atlantiques, basé à Varsovie. Ces exercices surviennent quelques jours après l’intégration de la Biélorussie dans l’Organisation de coopération de Shanghaï, réunie le 4 juillet à Astana, au Kazakhstan, et dont les membres (Chine, Russie, Inde, Iran, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan, Tadjikistan, Biélorussie) plaident pour un ordre mondial « multipolaire » contre l’unilatéralisme américain.
Il vous reste 62.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.