Au Royaume-Uni, le premier ministre, Keir Starmer, vit sa première crise avec les émeutes d’extrême droite

Le premier ministre britannique, Keir Starmer, vu sur un écran d’information lors d’une manifestation devant une mosquée à Liverpool (Angleterre), le 2 août 2024.

Un mois après sa prise de fonctions, le dirigeant travailliste Keir Starmer fait face à sa première crise. Dans la soirée, lundi 5 août, de nouveaux incidents ont éclaté, notamment à Plymouth (sud-ouest), d’où la chaîne Sky News a diffusé les images en direct d’un face-à-face tendu entre extrême droite et contre-manifestants, séparés par des policiers de part et d’autre d’une route, sous une pluie de projectiles. Un peu plus tôt dans la journée, le premier ministre britannique avait convoqué en urgence une partie de son gouvernement, après un week-end de violences inédites, alors que des émeutiers hurlant des slogans racistes s’en sont pris à des personnes de différentes communautés et ont endommagé des hébergements d’urgence de demandeurs d’asile et des mosquées dans des dizaines de localités d’Angleterre et d’Irlande du Nord.

A l’issue de cette réunion, le dirigeant, qui a mis fin à quatorze années de règne conservateur sur un programme très centriste, axé sur l’ordre, la justice et la lutte contre les incivilités, a dénoncé des évènements qui ne sont pas « des manifestations, mais de la pure violence ». « Nous ne tolérerons pas les attaques contre les mosquées ou contre la communauté musulmane », a ajouté Keir Starmer, qui a promis une « armée » mobilisable d’officiers de police pour lutter contre les extrémistes – sans entrer dans les détails. Il a aussi souhaité que les émeutiers soient jugés le plus vite possible et que les « lois criminelles s’appliquent en ligne » comme dans le monde physique.

Ces violences urbaines sont les plus notables qu’ait connues le Royaume-Uni depuis les émeutes d’août 2011. A l’époque, elles s’étaient répandues de Londres au reste du pays, après qu’un Britannique noir avait été tué par la police dans le nord de la capitale. Ces derniers jours, c’est la propagation sur les réseaux sociaux d’informations fausses sur l’identité de la personne soupçonnée d’avoir tué, lors d’une attaque au couteau, trois fillettes à Southport, non loin de Liverpool, dans le nord de l’Angleterre, le 29 juillet, qui a provoqué les violences.

Les rumeurs ont attribué cette tuerie à un demandeur d’asile musulman arrivé en « small boat », une embarcation de fortune, sur les côtes britanniques, ce que la police a démenti, précisant que le meurtrier présumé était né à Cardiff (Pays de Galles). Mais comme à Dublin, la capitale irlandaise saccagée par des émeutiers antimigrants fin 2023, à la suite d’une fausse rumeur née après une attaque au couteau à la sortie d’une école primaire, les rassemblements britanniques s’organisent spontanément par le biais des messageries – dont Telegram – et n’ont pas vraiment de meneurs.

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