Attaque de Magdebourg : le gouvernement allemand met en avant les troubles psychiatriques de l’auteur présumé

La ministre de l’intérieur allemande, Nancy Faeser, à Berlin, le 30 décembre 2024.

Le gouvernement allemand, accusé de défaillances après l’attaque mortelle à la voiture-bélier du marché de Noël de Magdebourg, a estimé, lundi 30 décembre, que cette attaque qui a causé la mort de cinq personnes et fait 200 blessés, « n’aurait pas pu être évitée » et a fait état de « signes » de troubles psychiatriques de l’auteur présumé, dont le comportement reflète un « psychisme pathologique ».

Interrogée pendant plusieurs heures par une commission parlementaire, la ministre de l’intérieur, Nancy Faeser, a affirmé à l’issue que les enquêtes en cours « ne donnent pas encore une image claire » des « motivations de l’auteur ». Elle a toutefois mis en avant « les milliers de déclarations » faites depuis des années par Taleb A. sur les réseaux sociaux, qui donnent des « signes d’un psychisme pathologique ». Depuis le 20 décembre, l’Allemagne s’interroge sur les raisons qui ont poussé ce médecin saoudien de 50 ans, venu en Allemagne en 2006, à faucher la foule du marché de Noël à bord d’un puissant véhicule BMW lancé à toute allure.

Plusieurs voix dans l’opposition et certains médias accusent les autorités de graves erreurs de jugement, tant l’auteur présumé, arrêté dans sa voiture sur les lieux du drame, avait multiplié les signaux inquiétants avant.

Cet homme, connu pour ses opinions radicalement hostiles à l’islam après avoir rompu avec sa religion et son pays d’origine, « ne rentre dans aucun schéma antérieur » connu des autorités, a tenté d’expliquer la ministre. « Il existe des dizaines de milliers de tweets de l’agresseur. C’est la raison pour laquelle tout n’est pas encore sur la table », a ajouté Mme Faeser en réponse aux critiques sur l’absence de réponse claire dix jours après les faits.

Gouvernement sous pression

A deux mois d’élections législatives anticipées, le gouvernement allemand se retrouve sous pression sur le plan politique à la suite de l’attaque.

Personnalité difficile à cerner, le psychiatre de formation a pêle-mêle exprimé sa haine de l’islam, sa colère contre les services allemands de l’immigration et son soutien aux récits conspirationnistes d’extrême droite sur une « islamisation » de l’Europe. Selon la justice, l’homme, actuellement en détention provisoire, semble avoir agi pour dénoncer le manque de soutien des autorités allemandes chargées de l’asile aux réfugiés saoudiens comme lui ayant rompu avec leur pays.

Dès 2013, il avait été condamné à une amende à Rostock, dans le nord-est de l’Allemagne, pour « troubles à l’ordre public » et « menaces de commettre des crimes ». Il menaçait déjà à l’époque de commettre un attentat.

Plus récemment, l’Arabie saoudite a demandé à Berlin son extradition, après avoir averti à plusieurs reprises qu’il « pourrait être dangereux », a déclaré à l’AFP une source proche du gouvernement à Riyad. La police allemande, après une évaluation « de risque », avait jugé l’an dernier qu’il ne présentait pas de « danger particulier ». Elle a mené avec lui un premier entretien à la fin de septembre 2023 dans un commissariat, un deuxième au début d’octobre 2024 sur son lieu de travail.

« Cet acte horrible m’occupe l’esprit sans discontinuer »

« L’acte était prévisible, pour tout le monde », a estimé après l’audition parlementaire un représentant du parti d’extrême droite AfD.

La ministre de l’intérieur a reconnu que les différentes administrations auraient pu mieux travailler ensemble pour partager leurs informations sur le médecin saoudien, mais finalement le drame « n’aurait pas pu être évité », selon elle.

Sur le plan politique, l’attaque a replacé les questions de l’immigration et de la sécurité au cœur de la campagne pour les législatives anticipées du 23 février. Taleb A. disposait du statut de réfugié et bénéficiait ainsi de la protection de son pays d’accueil.

Accusé par l’opposition de manque de fermeté avec les étrangers jugés dangereux, le chancelier social-démocrate, Olaf Scholz, a promis de faire la lumière sur d’éventuels « manquements de la part des autorités » régionales de Magdebourg et fédérales. « Cet acte horrible m’occupe l’esprit sans discontinuer », a-t-il dit vendredi.

Le Monde avec AFP

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