Après les grandes annonces, la filière des pompes à chaleur toujours dans le doute
Ventes en baisse, incertitudes sur les aides à la rénovation, inquiétudes sur la construction de logements neufs… C’est dans une conjoncture guère radieuse que, jeudi 28 novembre, Atlantic a posé en Saône-et-Loire la première pierre d’une future usine de fabrication de pompes à chaleur, un mode de chauffage électrique prometteur, captant les calories de l’extérieur pour les faire circuler dans une habitation. Le groupe vendéen produit déjà les unités intérieures à Billy-Berclau (Pas-de-Calais). Le nouveau chantier doit aboutir à un site opérationnel dès 2026, avec 300 emplois pour concevoir « jusqu’à 150 000 unités extérieures » par an, plutôt que d’avoir à les importer. Les 19 hectares se situent dans la zone industrielle d’une petite commune, Virey-le-Grand.
Le chantier, sur le territoire d’une ancienne usine de produits photographiques Kodak, a valeur de symbole. Il supposera un investissement d’au moins 140 millions d’euros, selon Atlantic. Contacté par Le Monde, le groupe ne précise pas les modalités du financement. « Ce projet doit bénéficier » du crédit d’impôt industrie verte, signalait néanmoins son communiqué d’octobre 2023. Un dispositif possible depuis le mois de mars, dans le cadre de la loi sur l’industrie verte.
La pompe à chaleur est l’une des solutions pour se passer des chaudières au gaz ou au fioul – deux énergies fossiles nocives pour le climat, sachant que les besoins en chaleur occupent le principal poste de consommation finale d’énergie en France (environ 45 % en 2022). Emmanuel Macron en fait un objectif symbolique : en septembre 2023, le chef de l’Etat a dit son intention que le pays atteigne, dès 2027, une production annuelle de 1 million de pompes à chaleur. Ce qui reviendrait à doubler les capacités nationales, selon le plan présenté en avril par le gouvernement. Et non pas à les tripler, comme l’annonçait auparavant l’Elysée.
La conjoncture fait déjà des dégâts
D’emblée, les entreprises de la filière auraient estimé plus réaliste de fixer le cap pour 2030. Aujourd’hui, au regard de la baisse des ventes, l’horizon leur semble encore plus incertain. Pas de quoi les inciter, dans un tel contexte, à de nouveaux investissements pour augmenter leurs capacités. « Face à un marché en berne, les industriels du génie climatique réclament une nouvelle et large concertation avec les pouvoirs publics », selon le communiqué alarmiste d’Uniclima, le syndicat patronal des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques, paru en septembre, un an après l’objectif élyséen.
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