A Pokrovsk en Ukraine, la guerre souterraine
Pour survivre dans l’enfer qu’est devenu Pokrovsk, dans l’est de l’Ukraine, il faut s’enterrer. Le ciel bruit jour et nuit de drones fouillant le terrain à la recherche d’une cible. Ils dénichent tout ce qui se déplace. Infanterie, véhicules civils ou militaires, blindés : rien n’échappe à leurs caméras équipées de systèmes infrarouges. Après, c’est au tour des drones FPV (first person view, « à pilotage en immersion ») suicides ou bombardiers de tuer, percer, détruire. Aucun blindage ne résiste à une succession d’attaques. Les militaires sont contraints de vivre sous terre, dans des caves : des tunnels aux entrées soigneusement camouflées, pour empêcher les drones FPV d’entrer et de tout faire sauter.
L’activité la plus dangereuse est le déplacement, la rotation vers l’arrière, durant laquelle il faut se mouvoir très rapidement, de préférence à l’aube ou au crépuscule, quand les drones diurnes sont remplacés par les drones nocturnes, et vice-versa. Il faut foncer vers sa destination au moment où le contraste est le plus faible sur les écrans des dronistes. Le danger augmente selon une courbe exponentielle croissante à mesure qu’on se rapproche des positions adverses. A moins de cinq kilomètres, on parle de « zone de mort ».
Les drones provoquent jusqu’à 80 % des pertes humaines, mais l’artillerie reste un danger, notamment pour la population civile qui persiste à résider dans cet environnement mortifère. De même que les mines antipersonnel, déposées au sol avec précision par les drones derrière les lignes adverses.
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