A Genève, l’écosystème worldwide sonné par l’arrêt du financement américain

Le drapeau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) devant son siège à Genève, le 13 mars 2025.

Implacable, le questionnaire résume, mieux que de longues explications, le séisme qui secoue ce que l’on appelle volontiers la « Genève internationale », placide plaque tournante du système international multilatéral depuis des décennies. La placidité et la diplomatie ont vécu. « Pouvez-vous confirmer que votre organisation ne travaille pas avec des entités associées au communisme, au socialisme, au totalitarisme ou à n’importe quelle autre entité qui épouse des croyances antiaméricaines ? » Expédié il y a trois semaines, le courriel du département d’Etat de Washington donne jusqu’au 31 août aux récipiendaires pour justifier n’avoir reçu « aucun financement de la Chine, de la Russie, de Cuba ou de l’Iran » ou encore confirmer que leurs projets ne portent pas sur « le climat ou la justice environnementale ».

Les centaines d’organisations internationales et ONG basées à Genève qui ont reçu le document, et ses 36 questions tranchantes, ont vite compris qu’il s’inscrivait dans le cadre de la grande offensive de l’administration Trump menaçant de couper les vivres, à plus ou moins brève échéance, à tous les acteurs de l’aide internationale et humanitaire. Pour brutal qu’il soit, le texte a le mérite de la transparence. « Ce questionnaire est très clair sur le fait que vous n’êtes plus qualifié pour recevoir du soutien de l’administration américaine si vous croyez en l’égalité des genres, si vous travaillez sur des enjeux comme la diversité, l’égalité et l’inclusion, si vous combattez le changement climatique ou même si vous travaillez à promouvoir le respect du droit international et des institutions », dit Phil Lynch, directeur de l’ONG Service International pour les droits humains. Laquelle ne répondra pas à la missive comminatoire, mais sans conséquence, puisqu’elle ne dépend pas d’un financement américain. Ce qui n’est pas le cas de la plupart des acteurs internationaux présents sur les bords du lac Léman, à commencer par les grandes agences de l’ONU.

Il vous reste 57.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.