Le Royaume-Uni mise gros sur le captage de carbone

L’odeur âcre des déchets en décomposition prend immédiatement à la gorge. Déchiquetés en lambeaux, les détritus forment un gigantesque tas gris parsemé de quelques formes familières – un sac en plastique bleu, une guirlande de Noël – dans le sas qui les abrite sur le site de Ferrybridge, une usine d’incinération, au sud de Leeds. Manœuvrée par un ouvrier derrière une baie vitrée, une grue soulève une poignée de déchets et la lâche dans la chaudière.

« Nous recevons 120 camions par jour de détritus non recyclables, explique Steve Tosney, le chef de l’usine. Ils sont brûlés, ce qui génère de la vapeur chauffée à 430 °C avec une pression de 80 bars. » L’usine est l’un des quatre sites exploités par le groupe Enfinium au Royaume-Uni. « Au total, nous produisons plus de 340 mégawatts d’énergie par année, de quoi alimenter en courant 800 000 foyers », précise Wayne Robertson, chargé des relations commerciales et de la stratégie pour la société.

Mais la procédure n’est pas neutre pour l’environnement, comme en témoigne la colonne de fumée grisâtre qui s’échappe de la fine cheminée blanche surplombant l’usine. Or, à partir de 2028, les entreprises britanniques d’incinération de déchets devront compenser leurs émissions de CO2 en acquérant des crédits carbone. Cela a encouragé Enfinium à mettre en route, en septembre, une unité pilote de capture du carbone. Logée dans un conteneur, elle est composée d’un entrelacs de tuyaux et de citernes qui lui donne des airs de laboratoire d’alchimiste.

« Les gaz issus de la combustion de déchets sont refroidis, avant d’être injectés dans une tour d’absorption où ils se mêlent à une solution riche en amines, détaille Darrell Pariag, qui est responsable de l’installation. Cela produit une réaction chimique durant laquelle les amines se lient au CO2 contenu dans les émissions. » La solution riche en amines est ensuite réchauffée à 120 °C pour en extraire le CO2. « Notre unité pilote parvient à capter 96 % du carbone contenu dans nos émissions », indique-t-il. Pour l’heure, les substances nocives sont réinjectées dans l’atmosphère, par manque d’autres solutions.

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