Matières premières : « La pomme nourrit son homme »
Haute comme trois ou quatre pommes ? Au moment de soupeser la récolte pomicole tricolore, le débat est ouvert au sein des instances agricoles. Entre le ministère et la filière, les chiffres diffèrent. Pomme de discorde ? Pour les services de l’Etat, au dernier pointage datant du 1er novembre, les pommiers français ont ployé en 2024 sous le poids fruitier et près de 1,7 million de tonnes devraient être récoltées. Un total qui serait en progression de 7 % par rapport à 2023, et de 16 % comparé à la moyenne de production des cinq dernières années. Un rebond marqué surtout en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Que nenni, réagit l’Association nationale pommes poires (ANPP), après avoir compté les fruits. Elle a revu ses estimations à la baisse et anticipe une récolte de 1,426 million de tonnes. Dans ce cas, celle-ci s’inscrirait en recul de 3 % par rapport à celle de 2023.
Qui dit vrai ? Le débat sur la pomme n’est pas tranché. La divergence est toutefois moindre que lors des manifestations à l’issue desquelles police et manifestants jouent régulièrement à la bataille de chiffres au doigt mouillé. Lundi 18 novembre, à la fin du premier des deux jours de mobilisation agricole, l’alliance Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles-Jeunes Agriculteurs qui orchestrait ce mouvement a annoncé « 85 points de manifestation » à travers le pays. Les autorités ont, quant à elles, recensé « une quarantaine d’actions », mobilisant 2 500 personnes.
Tachées ou ratatinées, elles sont valorisées
Si nombre d’agriculteurs se disent en difficulté, les pomiculteurs sont plutôt rassérénés. « L’année ne se termine pas trop mal », admet Daniel Sauvaitre, arboriculteur en Charente et président de l’ANPP, qui ajoute : « Nous restons vigilants sur la conservation des fruits cueillis sous la pluie, mais les précipitations ont limité le recours à l’irrigation et qualitativement la récolte est plutôt bonne. » Autre sujet de satisfaction pour les arboriculteurs français, le prix se maintient et l’inflation des coûts s’est calmée. « Le prix moyen, départ station fruitière, s’établit autour d’un euro le kilo, un centime au-dessus du niveau de [2023] », déclare M. Sauvaitre. La pomme nourrit son homme.
Ce tarif moyen cache des disparités, entre les rutilantes Pink Lady, gala, granny smith ou golden qui frimeront en rayon, et les fruits moches qui trouveront une autre destination. Or, les pommes tachées ou ratatinées, loin d’être jetées, sont de plus en plus valorisées. « Elles ont gagné 15 centimes en deux ans et se négocient entre 35 et 40 centimes », précise le président de l’ANPP. En cause, la moindre production de pommes polonaises, dont près des deux tiers sont transformées en compote ou autre concentré.
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