Accord UE-Mercosur : la France s’inquiète, la Commission européenne y croit

Un ouvrier inspecte des carcasses de bovins à l’abattoir municipal de Sao Felix do Xingu, dans l’Etat de Para, au Brésil, le 4 octobre 2021.

Michel Barnier, qui a déjà du mal à boucler le budget 2025, pourrait se retrouver très vite face à un autre dossier politiquement explosif : l’accord entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie), qui empoisonne la vie politique française depuis plus de vingt ans, pourrait être conclu très bientôt.

Alors que du Rassemblement national à La France insoumise (LFI), les partis politiques hexagonaux y sont quasiment tous opposés et que le monde agricole s’apprête, une nouvelle fois, à descendre dans la rue, le premier ministre a bien vu le danger.

C’est l’une des raisons du déplacement de l’ex-commissaire européen à Bruxelles, mercredi 13 novembre, où il a rendez-vous avec plusieurs responsables de la Commission, qui négocie les accords commerciaux au nom des Vingt-Sept. Il doit, notamment, y rencontrer, dans l’après-midi, la présidente, Ursula von der Leyen. « Le premier ministre va [lui] rappeler sa totale opposition à l’accord [UE-Mercosur] », affirmait, mardi, la ministre de l’agriculture, Annie Genevard. Ce même jour, plus de 600 parlementaires français – députés, sénateurs et eurodéputés – alertaient, dans un courrier, Ursula von der Leyen de « la déflagration démocratique » que « générerait » un tel accord « dans notre pays qui se trouve déjà sous la menace politique d’un populisme antieuropéen ».

Les syndicats agricoles font eux aussi monter la pression, évoquant la perspective de la signature d’un traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur comme celle de voir les Etats-Unis et la Chine surtaxer certaines de leurs importations agroalimentaires. Depuis le début d’octobre, des actions sporadiques sont organisées. Cette semaine, elles ont été plus nombreuses et devraient s’intensifier dans les prochains jours.

Relations glaciales

Après les manifestations de ce début d’année, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a en effet appelé ses troupes à se mobiliser fortement « à partir de la mi-novembre ». La Coordination rurale promet, pour sa part, « une révolte agricole » à compter du 19 novembre. Quant à la Confédération paysanne, héritière des luttes altermondialistes, elle prévoit, elle aussi, des actions.

Ursula von der Leyen, avec laquelle Michel Barnier, lorsqu’il était le négociateur des accords post-Brexit, entretenait des relations glaciales, connaît les préoccupations de son visiteur. Mais, dans son entourage, on ne l’imagine pas prête à renoncer, pour les beaux yeux de Paris, à un accord qu’elle appelle de ses vœux depuis longtemps.

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