En Allemagne, Olaf Scholz limoge son ministre des funds et acte la fin de sa coalition
La victoire de Donald Trump devait resserrer les rangs de la coalition au pouvoir à Berlin depuis 2021 ; elle a finalement précipité son éclatement. Mercredi 6 novembre dans la soirée, le chancelier social-démocrate, Olaf Scholz, a demandé le départ de son ministre des finances, le président du Parti libéral-démocrate (FDP), Christian Lindner, avec qui les relations étaient devenues notoirement orageuses.
La décision acte la fin de la majorité dite des « feux tricolores », composée des sociaux-démocrates du SPD, des Verts et du FDP, puisqu’elle place de facto le chancelier et son gouvernement en minorité au Bundestag. Selon toute probabilité, des élections législatives anticipées auront lieu début 2025, au plus tard fin mars, Olaf Scholz ayant annoncé qu’il se soumettrait à un vote de confiance des députés le 15 janvier. Les prochaines législatives devaient initialement avoir lieu le 28 septembre 2025.
« Je suis contraint de prendre cette décision afin d’éviter tout dommage à notre pays, a déclaré Olaf Scholz à la presse mercredi soir. Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir, qui ait la force de prendre les décisions nécessaires. » Il a indiqué vouloir se rapprocher du chef de l’opposition, le président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Friedrich Merz, lui-même déjà candidat déclaré à la chancellerie, afin de « coopérer » sur la politique économique et la défense. « Notre économie ne peut pas attendre que de nouvelles élections aient eu lieu. Nous avons besoin de clarté sur la manière dont nous allons financer notre sécurité et notre défense dans les années à venir », a précisé Olaf Scholz.
Une alliance des contraires
Les trois autres ministres libéraux du gouvernement (justice, transports et éducation) ont annoncé leur retrait dans la soirée, tandis que Christian Lindner accusait de son côté le chancelier d’avoir délibérément orchestré la rupture, en lui imposant des conditions inacceptables, comme la suspension du « frein à la dette », une disposition constitutionnelle qui limite le déficit structurel de l’Etat fédéral à 0,35 % du produit intérieur brut chaque année.
Malgré la coïncidence du calendrier, les élections américaines ne sont que marginalement responsables du chaos politique qui secoue la première économie de la zone euro. Ces derniers mois, les disputes au sein du gouvernement étaient devenues quasi quotidiennes, opposant les Verts et le SPD, attachés à l’Etat social, au FDP, défenseur de la rigueur budgétaire. Cette alliance des contraires fonctionnait à peu près dans une économie dynamique, en parvenant à s’entendre autour de sujets sociétaux ou de thèmes comme la modernisation de l’Etat. Mais ses contradictions idéologiques sont devenues plus difficiles à surmonter quand la récession a replacé au cœur du débat la question des finances publiques.
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