Boeing enchaîne les pertes mais espère la fin de la grève

A l’aéroport international de Los Angeles (Californie, Etats-Unis), le 18 janvier 2024.

Encore une journée à marquer d’une pierre noire pour Boeing. L’avionneur américain a annoncé, mercredi 23 octobre, sa pire perte trimestrielle en quatre ans : 6,17 milliards de dollars (environ 5,72 milliards d’euros). Sans surprise, c’est la branche aviation commerciale qui est le plus dans le rouge et a obligé Boeing à provisionner plus de 5 milliards de dollars de charges.

« Ma mission est assez claire : remettre ce grand navire dans la bonne direction et rétablir Boeing dans sa position de leader que nous connaissons et que nous souhaitons », a indiqué Kelly Ortberg, PDG de l’avionneur depuis début août, en remplacement de Dave Calhoun. La tâche du nouveau patron s’annonce ardue, la dette nette de Boeing atteignant 58 milliards de dollars.

Les ennuis de l’avionneur ont commencé avec les deux crashs successifs, fin 2018 et début 2019, des 737 MAX d’Ethiopian Airlines et de Lion Air qui ont causé la mort de 346 passagers et membres d’équipage. Depuis lors, Boeing, qui a perdu sa place de leader mondial de l’aéronautique au profit d’Airbus, connaît une série de déboires tant en matière d’approvisionnements que de qualité de ses productions.

Surtout, il ne parvient pas à hausser ses cadences de production pour répondre à la demande. En septembre, il n’a livré que trente-trois 737 MAX. Il espère seulement en sortir trente-huit chaque mois d’ici à la fin de 2024, encore bien loin des cinquante-neuf exemplaires d’avant la pandémie de Covid-19. Tous ses programmes sont touchés. Le PDG a ainsi reporté à 2026 la sortie du gros-porteur long-courrier 777X.

Presque une humiliation

Ces difficultés mettent à mal les finances. C’est en effet au moment de la réception de leur avion que les compagnies clientes s’acquittent de l’essentiel – environ 60 % – du prix total de leur commande. Un manque à gagner qui tombe mal, alors qu’il lui faudra verser des indemnités aux compagnies qui n’ont pas reçu leurs appareils en temps et en heure.

Malgré ces ennuis, l’avionneur s’est mis à l’abri d’une retentissante faillite. M. Ortberg a annoncé, le 11 octobre, qu’il va pouvoir lever sur les marchés 25 milliards de dollars pour renflouer sa trésorerie. Un apport bienvenu, auquel s’ajoutera une ligne de crédit de 10 milliards de dollars.

Mais Boeing est aussi plombé par les ratés de sa branche défense et espace. Les contrats d’équipements et fournitures militaires signés à coûts fixes avec le Pentagone plombent les finances du groupe. Côté espace, le groupe vit presque une humiliation. Son vaisseau Starliner, qui avait acheminé Barry Wilmore et Sunita Williams jusqu’à la Station spatiale internationale, début juin, pour un séjour de huit jours, a été incapable de les ramener sur Terre en raison de défaillances techniques. Et c’est le concurrent SpaceX d’Elon Musk qui devrait le faire à sa place.

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