En Espagne et au Portugal, le défi de faire adopter le finances par un Parlement fragmenté
Budget ou élections : au Portugal, le gouvernement de Luis Montenegro, arrivé au pouvoir en mars, a présenté en ces termes le projet de loi de finances 2025, jeudi 10 octobre, devant un Parlement fragmenté et sans aucune garantie qu’il ne soit adopté. En Espagne, pour éviter ce dilemme, le gouvernement de Pedro Sanchez, a pour sa part décidé de repousser la présentation du budget sine die. Il gouverne déjà avec le budget prolongé de 2023… Dans les deux cas, les gouvernements minoritaires au pouvoir dans la péninsule ibérique s’usent depuis des mois à convaincre les partis de l’opposition de les soutenir, sans succès, davantage confrontés aux calculs politiques de leurs possibles alliés parlementaires qu’à des débats de fond.
Baisses d’impôts, hausse des dépenses, plan d’investissement de 700 millions d’euros dans la construction et la réhabilitation de logements, suppression de péages routiers et revalorisation des retraites et des salaires des fonctionnaires… Jeudi, le ministre portugais des finances, Joaquim Miranda Sarmento, a fait fi de l’incertitude et présenté son projet de budget. « J’en appelle à la responsabilité de l’opposition, a-t-il lancé, en direction du Parti socialiste portugais (PSP). Le gouvernement a répondu aux principales revendications du PS. »
Pour les convaincre, il a en effet revu sa copie et pris en compte les lignes rouges qu’a tracées le PSP ces dernières semaines. Le gouvernement souhaitait baisser l’impôt sur les sociétés de 21 % à 19 % : le projet de budget se contente d’une baisse d’un point, à 20 %. Il avait annoncé un régime fiscal différencié pour les moins de 35 ans, afin de freiner la saignée de l’émigration des jeunes Portugais. Il l’a troqué pour des bénéfices fiscaux progressifs limités à ceux dont les revenus sont inférieurs à 28 000 euros annuels et étalés sur dix ans, — de 100 % d’exemption de l’impôt sur le revenu la première année d’entrée sur le marché du travail à une réduction de la base imposable de 75 % les quatre années suivantes, de 50 % la sixième à la neuvième année et de 25 % la dixième. Il a aussi renoncé à la privatisation de la compagnie aérienne TAP et s’est engagé à poursuivre une politique visant à l’excédent budgétaire, misant sur 0,3 % en 2025 (après 1,2 % d’excédent enregistré en 2023 et 0,4 % attendu cette année).
Pour l’heure, le PSP reste insensible à ces appels du pied. Si des représentants de l’aile centriste, proches de l’ancien premier ministre Antonio Costa, sont favorables à une abstention constructive, facilitant le passage du budget en novembre, le nouveau secrétaire général du parti, Pedro Nuno Santos, issu de l’aile gauche, « préfère perdre les élections », — les enquêtes d’opinion, en cas de répétition électorale, ne lui sont pas favorables —, plutôt que « renoncer à [ses] convictions », martèle-t-il. Cette incertitude nourrit les espoirs d’André Ventura, président du parti d’extrême droite Chega, de parvenir à faire pression sur le gouvernement pour qu’il brise le cordon sanitaire dressé par M. Montenegro et négocie avec lui un nouveau budget.
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