Paris sportifs : « On achève bien les hippodromes »
C’était la fête du cheval le week-end des 5 et 6 octobre. Le Qatar Prix de l’Arc de triomphe a embrasé dimanche les gradins de Longchamp, à Paris, avec la victoire inattendue de la jument Bluestocking, tandis que l’étalon Smart Star a remporté, samedi, haut la main la Gold Cup, au Turf Club de Singapour. Mais une fête au goût amer. A Paris, le cheval Haya Zark, bien placé dans le peloton, a soudain été exfiltré de la course avant de décéder quelques minutes plus tard. A l’autre bout de la planète, c’était la dernière course du Turf Club après cent quatre-vingts ans d’existence. L’hippodrome sera bientôt détruit pour laisser la place, en 2027, à un projet immobilier de grande ampleur.
Avec une population en croissance continue, qui a dépassé pour la première fois les 6 millions d’habitants, la ville-Etat, deux fois plus petite que l’Ile-de-France, n’avait pas le choix. Les cent vingt hectares du stade relâcheront un peu la pression foncière. « Il faut assurer suffisamment de terre pour les futures générations », s’est justifié le gouvernement. Le golf local a déjà fait les frais de cette politique.
Mais il y a une autre raison, plus sociologique. Les courses de chevaux sont en déclin dans le monde entier. D’autres loisirs, d’autres sports et même d’autres jeux attirent désormais les populations. Selon l’agence Bloomberg, le Turf Club n’était plein qu’au tiers ce samedi, avec 10 000 spectateurs, alors que près de 270 000 personnes s’étaient pressées au Grand Prix de formule1 de Singapour deux semaines auparavant.
Comme une survivance de l’Ancien Régime
Non loin de là, l’hippodrome de Macao a également fermé ses portes le 1er avril. Seul survit le mythique site de Hongkong, à Happy Valley, dernier refuge et héritage de la colonisation britannique. Mais ailleurs, en Australie, aux Etats-Unis ou en Europe, les professionnels se lamentent de la désaffection du public et des parieurs.
L’attention à la condition animale, l’explosion des paris sur le football ont réduit l’importance de cette activité à l’image surannée. Comme l’abandon d’une survivance de l’Ancien Régime où les paris des amateurs, souvent très modestes, financent un sport élitiste géré par des milliardaires. La France n’en est pas encore là mais ses quelque 230 hippodromes peinent à se remplir.
Longtemps seul jeu d’argent populaire autorisé avec le Loto, il est géré par le PMU, monopole contrôlé par les sociétés de courses. Ses recettes nettes, un peu plus de 800 millions d’euros, financent la filière. Il se félicite d’avoir enrayé en 2023 un déclin continu depuis 2015 et s’est diversifié dans les paris sportifs et le poker. Pour lui aussi suivre son temps.