La Chine lance une enquête sur les pratiques commerciales de l’Union européenne

Les drapeaux de l’Union européenne et de la Chine côte à côte lors d’un sommet Chine-Union Européenne à Pékin, le 12 juillet 2016.

L’Union européenne (UE) attendait la riposte. La Chine a annoncé mercredi 10 juillet enquêter sur des pratiques commerciales qu’elle jugeait déloyales de l’UE, après une série de procédures de Bruxelles visant des entreprises chinoises soupçonnées de fausser la concurrence.

Cette mesure intervient dans un contexte de montée des tensions entre la Chine et l’UE, un partenaire commercial incontournable pour le géant asiatique. La Commission européenne a lancé ces derniers mois une série de procédures visant la Chine. La plus emblématique concerne les véhicules électriques chinois vendus dans l’UE, dont les prix sont jugés par Bruxelles artificiellement bas du fait de subventions d’Etat qui faussent le marché et nuisent à la compétitivité de ses propres constructeurs.

L’UE a ainsi imposé début juillet jusqu’à 38 % de droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures électriques chinoises, une décision qui pourrait devenir définitive en novembre. A chaque procédure, la Chine a averti qu’elle prendrait « toutes les mesures nécessaires » pour y répondre.

« Le ministère du commerce enquête sur les pratiques de l’Union européenne en matière d’obstacles au commerce et à l’investissement pour des entreprises chinoises », a-t-il précisé mercredi dans un communiqué. Le ministère chinois du commerce souligne que sa décision est motivée par une plainte de la Chambre de commerce du pays.

Elle porte notamment sur « des produits tels que des locomotives, l’énergie photovoltaïque, l’énergie éolienne », a précisé le ministère. Des secteurs précisément visés par Bruxelles dans le cadre de différentes procédures. L’enquête sur les subventions de l’UE doit s’achever le 10 janvier 2025, mais pourra éventuellement être prolongée de trois mois.

Des pratiques « discriminatoires »

L’UE, deuxième relation commerciale-clé de la Chine après les Etats-Unis, avait lancé mi-février sa première enquête, dans le cadre de la nouvelle réglementation anti-subventions, contre une filiale du constructeur ferroviaire chinois CRRC, numéro un mondial du secteur. Ce groupe étatique, candidat pour la fourniture de trains électriques en Bulgarie, s’était finalement retiré fin mars de l’appel d’offres.

En avril, la Commission avait annoncé une deuxième enquête visant deux consortiums candidats pour concevoir, construire et exploiter un parc photovoltaïque en Roumanie. Le premier consortium inclut une filiale du géant chinois Longi, premier fabricant mondial de cellules photovoltaïques. Le second associe deux filiales contrôlées par le groupe étatique chinois, Shanghai Electric.

La Commission a par ailleurs ouvert fin avril une enquête sur les marchés publics chinois de dispositifs médicaux, soupçonnant des pratiques « discriminatoires ». Une enquête concerne l’éolien. La Chine a averti le mois dernier « se réserver le droit » de porter plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après l’annonce par l’UE de surtaxes sur les véhicules électriques chinois.

Pékin avait déjà annoncé en janvier enquêter sur une infraction supposée à la concurrence des eaux-de-vie de vin, comme le cognac, importées de l’UE et en particulier de la France, qui avait donné l’impulsion à l’enquête de Bruxelles. En juin, elle a aussi lancé une enquête antidumping sur les importations de porc et de produits porcins en provenance de l’UE, des marchandises principalement produites en Espagne, en France, aux Pays-Bas et au Danemark.

Le Monde avec AFP

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