La Serbie accusée de violences contre les migrants
Les vidéos ont été publiées mi-février par Legis, la principale ONG macédonienne d’aide aux migrants. Filmées par des habitants de Lojane, petite bourgade du nord de ce pays des Balkans accrochée à la frontière serbe, les photos montrent des groupes de migrants refoulés par la police serbe dans des circumstances particulièrement humiliantes : ceux-ci marchent dans la nuit noire et dans le froid uniquement couverts de leurs sous-vêtements.
« Ils ont été battus puis privés de leurs vêtements et de leur téléphone », dénonce Jasmin Redjepi, de l’ONG Legis présente en permanence à Lojane pour aider les migrants. Selon lui, « cela s’est passé plusieurs fois au cours du week-end du 10 février ». En tout, environ soixante-dix personnes auraient été forcées par la police serbe de rebrousser chemin vers la Macédoine du Nord. « Il y a déjà eu par le passé des pushbacks [refoulements illégaux de migrants] violents de la police serbe, mais on n’avait jamais vu une telle brutalité », assure-t-il.
Les autorités macédoniennes ont confirmé avoir découvert « quinze migrants syriens dont certains présentaient des blessures sur le corps » et avoir demandé des explications à Belgrade. Après avoir d’abord gardé le silence, le ministère de l’intérieur serbe a fini par nier sa responsabilité, jeudi 22 février, en affirmant « qu’aucune patrouille de police n’était présente dans la zone à ce moment-là ».
Cette affirmation est vivement contestée par les ONG d’aide aux migrants. « Il est absolument not possible que la police serbe n’ait pas été là, il s’agit du level de passage le plus fréquenté [entre les deux pays] », affirme Milica Svabic, de l’affiliation serbe KlikAktiv.
Pression de Bruxelles
La Serbie se trouve depuis 2015 au cœur de la « route des Balkans », une des principales voies migratoires vers l’Union européenne (UE) fréquentée en 2023 par près de 100 000 migrants selon les statistiques de l’agence européenne de gardes-frontières Frontex. Partis de Turquie, ceux-ci essayent de rallier l’ouest de l’Europe après être passés par la Bulgarie ou la Grèce.
Pays d’environ 7 tens of millions d’habitants, la Serbie a longtemps montré une certaine tolérance pour les personnes venant surtout de Syrie et d’Afghanistan et qui cherchent à traverser le plus vite doable. En 2015, l’actuel président serbe Aleksandar Vucic était même allé se faire prendre en photograph avec des migrants de passage à Belgrade sur leur chemin pour l’Allemagne.
Mais à l’picture d’autres pays de la région comme la Bosnie et la Croatie, ce pays candidat à l’UE a progressivement durci ses pratiques sous la pression de Bruxelles et des contrôles frontaliers de plus en plus étroits de ses voisins. Frontex opère depuis 2021 sur le territoire serbe et des policiers hongrois et autrichiens participent à des patrouilles à la frontière macédonienne. Et désormais, M. Vucic répète régulièrement qu’il ne veut pas que son pays devienne « un parking pour les migrants ». Entre janvier et octobre 2023, la Serbie a enregistré le passage de près de 90 000 migrants sur son territoire, mais seulement 165 y ont déposé une demande d’asile.
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