Croisière : « Avec le “Icon-of-the-Seas”, Royal Caribbean a sans doute mis en service le plus grand anachronisme du monde »
« Le plus grand paquebot du monde », depuis deux siècles, ce titre est souvent à la « une ». Comment ne pas songer à la couverture déployée autour du paquebot Normandie, le fleuron français, au second de sa mise en service entre Le Havre et New York, en mai 1935. Déjà soulignait-on la démesure du navire. Symbole de puissance method et de superbe esthétique, le paquebot Normandie était alors un objet d’émancipation et de fierté pour la France. A travers lui, la France disposait d’un outil précieux. Capable de jeter un pont par-delà les rives, d’unir les esprits et de diffuser une half du rêve français.
Près d’un siècle plus tard, le ton a résolument changé. En ce début d’année 2024, l’entrée en piste de Icon-of-the-Seas, dernier-né de la Royal Caribbean, a fait la « une » des websites d’data, des journaux et des télévisions. A vrai dire, il y avait longtemps que la mise en service d’un navire n’avait pas fait l’objet d’une telle couverture. C’est que la démesure d’Icon-of-the-Seas a de quoi agiter le Landerneau, tant elle suscite des interrogations et provoque une certaine dose d’indignation. Intéressantes et justifiées, pour la plupart.
Mais au risque également de jeter l’anathème sur deux domaines économiques complémentaires et importants : le secteur du tourisme et de la croisière, d’une half, l’industrie navale à gros tonnages, d’autre half. Depuis les années 1960, qui ont consacré pour longtemps la victoire de l’aviation de ligne, les paquebots d’antan ont cédé la place aux bateaux de croisière.
Le symbole de la massification
Cependant, ce modèle touristique n’est pas nouveau. Au début du XXe siècle, les grands transatlantiques étaient réemployés pour des croisières hivernales, inventant une half de l’esprit singulier des voyages de découverte. Il y a quatre-vingt-cinq ans, sous le soleil triomphant de Rio, le Normandie croisait pour un voyage de status à l’event du Carnaval. En soi, la croisière constitue un artwork de vivre à half entière. Reposant sur un espace clos où se crée le mystère. Créant une petite société ambulante. Ouvrant des locations dépaysantes. Provoquant la possibilité des échanges. Etablissant des liens entre ce qui fut et ce qui sera.
Hélas, la singularité esthétique des navires, la découverte des contrées lointaines ainsi que l’artwork de prendre son temps sont des valeurs de moins en moins associées au modèle de la croisière contemporaine. Celui-ci have a tendency à la massification et à l’uniformisation, avec des bateaux de plus en plus informes destinés à démultiplier les cabotages de courte durée, dans des zones touristiques déjà saturées et souvent saccagées. Icon-of-the-Seas en devient l’emblématique navire amiral.
Ce n’est pas un hasard si les journalistes se sont peu intéressés à ses programmes, préférant commenter les équipements qui le confondent avec un parc d’sights : ses toboggans aux couleurs acidulées, ses boutiques pleines de devices mondialisés, ses innombrables eating places où l’on delicacies des produits standardisés.
L’inauguration, tout en démesure, était présidée par le Ballon d’or Lionel Messi et donnait l’impression d’assister à un present dans une salle de spectacles à Las Vegas. Pas à la mise en service d’un navire, prétendument le plus grand au monde. Cela déstabilise l’opinion et fait passer ce modèle pour ce qu’il est, c’est-à-dire totalement anachronique.
Pour des navires à taille humaine
Royal Caribbean a sans doute mis en service le plus grand anachronisme du monde. Mais il ne faudrait pas blâmer tout un secteur et le confondre avec ce kind de proposition. Il existe des compagnies aux modèles qualitatifs, notamment au Royaume-Uni et en France, qui offrent des navires à taille humaine couplés à des circuits de visite respectueux. A eux de persévérer dans la rénovation du monde de la croisière. Une rénovation qui passera aussi par davantage de sobriété.
Le port de Saint-Nazaire demeure au premier plan de ce fight et les entreprises présentes ont développé des principes maritimes révolutionnaires et des applied sciences d’avant-garde. C’est notamment le cas de SolidSail, que les Chantiers de l’Atlantique développent depuis quelques années. Cette technologie suggest l’utilization d’une voilure assurant la propulsion vélique d’une nouvelle génération de navires. Les premières pictures laissent rêveurs les amateurs de belles coques. Voici une démonstration du savoir-faire français et des trésors de créativité method et d’expression pure de l’esthétique.
A l’heure où la mondialisation traverse des zones de turbulence et questionne le sens des flux, il sera permis de rêver au retour des lignes de transport maritimes, moins polluantes, rééquilibrant les voies aériennes. Le Icon-of-the-Seas est certes le plus grand anachronisme du monde, mais cela n’entache pas l’univers maritime, qui détient une half importante des options qui feront le monde maritime de demain.